25 mars 2024 — Jean-Marc Warszawski
Pascal Arnault, L'Humanité ébranlée, première monographie, œuvres pour piano et mezzo-soprano, quatuor à cordes, piano et baryton, piano et violon, piano quatre mains, quatuor à cordes et mezo-soparno, piano. Amélie Raision (soprano), Elsa Tsuya Mionet (mezzo), Thibault Darbon (baryton), Mercedes et Pierre Frédéric Proteau (piano), Quatuor Onslow, Quatuor Hensel, Ingmar Lazar (piano), Benjamin Hertzl (violon), Pascal Arnault (piano), Daniel Proper (piano), Ziad Kreidy (piano). Triton 2023 (2 CD Trihort 579-580).
Ce premier enregistrement monographique consacré à des œuvres de Pascal Arnault, merci Triton, est un très bon moment de bonne et belle musique. Le Titre L’humanité ébranlée, repris d’une de ses mélodies chant-piano, évoque le fait qu’il compose sous l’influence des émotions provoquées par les fureurs du monde, tel l’incendie qui a détruit une partie de la cathédrale Notre-Dame de Paris, le 15 avril 2019 ou l’explosion, au port de Beyrouth le 4 août 2020. En vérité, nous ne sommes pas spécialement intéressé par les inspirations existentielles des artistes, mais plutôt par ce qu’ils en réalisent au profit de nos propres sensibilité et réflexion, d’autant que nous réagissons, sans besoin de médiation artistique, à l’actualité. Mais cela nous dit que Pascal Arnault pense son art dans le collectif social, comme une vraie musique profane, ne magnifiant pas l’autel et le mystère du tabernacle, mais laissant le portail grand ouvert à la vie. Ce n’est toutefois pas sans un certain mysticisme, puisque son art serait messager de sentiments indicibles.
Il est difficile d’expliciter le sentiment esthétique, dont les exigences se forment, se complexifient et mûrissent dans l’expérience directe et non pas par l’exégèse ou nous ne savons quelles « clefs » d’écoute ou tout autre mode d’emploi. Pour ce qui nous concerne le fait que Pascal Arnault ne bénéficie, en tant que compositeur, d’aucune médiatidatisation, que c’en est même aujourd’hui l’internet une énigme, nous prédispose positivement : la découverte, l’intimité de la découverte est une chose importante.
Quant à la musique, qui puise ses matériaux dans la diversité de la seconde moitié du xxe siècle, elle est d’une projection franche, populaire, essentielle, porteuse de vérité, si on peut dire une telle chose en musique. Elle ne tourne pas autour du pot. Elle est naturelle, libérée des illusions algorithmiques tonales ou atonales. Elle est purement musique, dans ses inventions et dispositions, qui n’exclue pas les résonances tonales ou polarisations (qui ne sont pas fonctions tonales) et les clusters bombastiques (piano), avec certaines spécificités techniques (donc esthétiques) selon les configurations instrumentales, qui sont en soi aussi une source d’inspiration.
Pascal Arnault, « Pour que la vie des amis soit une fête », no 2 des Cinq danses allégoriques (livre I), plage 6.
Jean-Marc Warszawski
25 mars 2024
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