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Athénée Theâtre Louis-Jouvet, 26 février 2024 — Frédéric Norac

Les Canticles de Britten par Allan Clayton : le mysticisme sombre d’un compositeur tourmenté

Allan Clayton, George Humphreys, Christopher Lowrey, Julius Drake, Olivia Jageurs, Richard Watkins, Harriet Walter. Photographie © Théâtre de l'Athénée.


Allan Clayton avait impressionné le public parisien par sa puissante incarnation de Peter Grimes à l’Opéra de Paris, la saison dernière, lui insufflant cette espèce de sauvagerie qui convient merveilleusement à ce personnage de marginal traqué. Dans ces Canticles du même compositeur, on le retrouve interprète raffiné, usant avec science de la mezza voce et apportant à ces œuvres teintées de spiritualité, voire d’une certaine forme de mysticisme, son timbre de ténor immaculé et brillant et la profondeur qu’elles exigent.

Composés entre 1947 et 1974, les Canticles de Britten, ne sont pas des œuvres religieuses à proprement parler, même si toutes trouvent leur inspiration dans l’Ancien ou le Nouveau Testament. Chacune des pièces est transfigurée par la spiritualité d’un poète ou d’une poétesse : Edith Sitwell pour « Still falls the rain » (III, opus 55), T.S Eliott pour « The Death of Saint Narcissus » (V, opus 89) et « The Journey of the Magi » (IV, opus 89)… etc.

Entouré de deux autres chanteurs, le contre-ténor Christopher Lowrey, pour « Abraham and Isaac » (II, opus 51) avec lequel se conclut le concert, le même et le baryton George Humphreys pour the « Journey of the Magi » (IV, opus 86), une pièce qui évoque une forme de désillusion après la rencontre avec l’épiphanie de la naissance de l’Enfant, le ténor révèle toute la force de ces pièces minimales, dont l’accompagnement se réduit au piano (Julius Drake), auquel s’ajoute le cor (Richard Watkins) pour « Still falls the rain » qui évoque la souffrance du Christ à travers une pluie qui ne cesse de tomber. La harpe se substitue au piano pour la seule pièce un peu légère du « cycle », « The Death of Saint Narcissus » (V, opus 89). Le chanteur a choisi de ne pas donner les pièces dans l’ordre chronologique de leur composition, mais plutôt de plonger progressivement l’auditeur dans l’atmosphère sombre de ce mysticisme tourmenté.

En ouverture, il a toutefois gardé le Canticle I, « My beloved is mine », une déclaration d’amour, inspirée par le Cantiques des cantiques, dont on sait bien qu’elle est tout à la fois une déclaration d’amour mystique et charnel, et qui, créée en 1947 par le compositeur et son ami Peter Pears, ne manque pas de rappeler leur compagnonnage qui dura toute une vie. Entre chaque pièce, les poèmes sont d’abord dits par la comédienne Dame Harriet Walker, ce qui permet à un public non anglophone d’apprécier la clarté de l’articulation du ténor, soutenu par la présence de surtitres projetés en fond de scène.  

plume_07 Frédéric Norac
26 février 2024
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