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Caen, le 27 janvier 2024 — Alain Lambert.

Sidi Larbi Cherkaoui : Faun et Noetic aux extrêmes du mouvement

Sidi Larbi Cherkaoui dirige le Ballet du grand théâtre de Genève depuis juillet 2022, dont il est aussi le chorégraphe du programme présenté ce soir. D’abord un court duo, puis une longue pièce avec une vingtaine de danseuses et danseurs.

Faun, Photographie © Filip Von Roe.

Faun donc, relecture de 2009 du fameux solo de Nijinski sur le Prélude à l’après-midi d’un faune de Debussy, maintenant doublement augmenté de la présence d’une sylphide ; et de deux séquences musicales de musique, du monde plutôt oriental de Nitin Sawhney, insérées parfaitement dans la partition originale, sans coupure ni rupture. Sur fond vidéo de forêt aux couleurs changeantes.

Un ensemble de solos et de duos très acrobatiques et en même temps très dansés par Geoffrey Van Dyck et Sara Shigenari. Le faune puis la nymphe, puis les deux ensembles, en symétrie ou enlacés, dans une animalité corporelle et primitive intense et puissante. Une très belle relecture, tout autant qu’une création originale.

Noetic. Photographie © Magalie Dougados.

Noetic, créé en 2014, nous fait basculer du primitif à la modernité, du duo au collectif impersonnel par les costumes uniformisés pour les hommes ou les femmes, avec un jeu sur le genre pour deux éléments interchangés. De la musique impressionniste à la musique post-répétitive contemporaine ou néo-baroque du compositeur polonais Szymon Brzoska, colorée de musique du monde avec la présence sur scène du multi-instrumentiste Shogo Yoshii, au taiko — percussions japonaises — au luth ou à la flûte du même pays. En solo ou en live avec la bande-son. Et avec aussi la présence intermittente de la cantatrice Ana Vieira Leite.

Un univers en noir et blanc sans décor autre que l’espace total de la scène dans lequel toutes et tous vont s’entrecroiser, s’esquiver, s’entrelacer le temps de différents moments musicaux. Leurs gestes font penser à un alphabet gestuel pour un monde robotique bien étrange. Puis le décor se dessine autrement grâce à des lames flexibles délimitant l’espace, avant de s’arrondir et de se cercler pour provoquer de nouvelles séquences dansantes. Les danseurs, très à l’aise malgré la complexité des déplacements, se divisent en sous-ensembles ou en duos au fil des métamorphoses et des évolutions du grand groupe. Deux voix, en anglais et français, en écho où se chevauchant, nous racontent parfois les mouvements de la pensée humaine, comme une mélopée hypnotique dont on oublie vite le message insolite en suivant le seul mime des interprètes. Autour desquelles le grand ensemble continue de se former et de se déformer. Un spectacle superbe et fascinant.

À voir encore à Nevers le 31 janvier puis fin février début mars à Barcelone.

À venir au théâtre de Caen en danse-opéra, On achève bien les chevaux les 15 et 16 février avec le Ballet de l’opéra national du Rhin.

Alain Lambert
27 janvier 2024
© musicologie.org


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