Né à Paris en 1661, mort à Lunéville, 7 septembre 1741.
Il est le fils d'Hugues Desmarest (....- 1668), huissier du Châtelet, marié à Madeleine Frottier en 1661. Après le décès d'Hugues Desmarest en 1669, Madeleine se remarie le 25 novembre 1670 avec Jacques Nalot, un officier au régiment d'Enghien.
Desmarest est alors placé chez les pages du roi, et formé à la musique par Pierre Robert et Henri Du Mont qui place en lui de grands espoirs.
En janvier 1677, il participe comme choriste, à Saint-Germain-en-Laye, à la création d'Isis de Lully. Il quitte les pages en 1778.
En 1680, il est ordinaire de la musique du roi. En 1682, la cour installée à Versailles, les services royaux remanient la chapelle royale. En 1683, Desmarest se présente au concours de sous-maître de musique, laissé vacant par le départ à la retraite de Pierre Robert et d'Henry Du Mont.
De Lalande, l'Abbé Goupillet, l'abbé Minoret et Pascal Collasse obtiennent les quatre quartiers, à ce concours arbitré par Louis xiv en personne. Desmarest obtient cependant un revenu équivalent à la charge de sous-maître de musique.
Henry Desmarest,
Théagène et Cariclée, « Ma vertu cède au coup... », par A Nocte Temporis, sous la direction du ténor
Reinoud Van Mechelen.
Il écrit et vend des motets à L'abbé Goupillet qui les fait jouer sous son propre nom. En 1686, son opéra Endymion est donné en plusieurs jours dans les appartements royaux et il reçoit une commande de la dauphine.
Lully décède en 1687, et avec lui disparaît une certaine main-mise sur la vie musicale à la cour.
Le 17 juillet 1688, Desmarest épouse Élisabeth Des Prés. En 1690, ils ont une fille, Elisabeth Madeleine (1690-1742).
En 1693, jugeant qu'il n'est pas assez rétribué, ou parce que goupillet ne le rénumère plus pour les compositions qu'il s'attribue, Desmarest dévoile la supercherie. Goupillet doit quitter son poste de sous-maître de musique de la chapelle royale. Mais Desmarest n'obtient pas le poste qui revient à De Lalande.
Desmarest est maître de chapelle chez les jésuites de la rue Saint-Jacques et du faubourg Saint-Antoine.
Le 11 septembre 1693, son opéra Didon est créé à l'Académie royale de musique. Il donne Circé en 1694 ; en 1695 les opérasThéagène et Vénus et Adonis, son ballet Les amours de Momus. Jusqu'en 1698, six de ses tragédies
lyriques seront jouées à l'Académie royale de musique.
Henry Desmarest, Passacaille de Vénus et Adonis (1697), par Les talens lyriques, sous la direction de Christophe Rousset.
Son épouse meurt en août 1696. Peu après il se rend à Senlis en compagnie de Gervais. Il y rencontre la fille du président du tribunal des impôts de la région de Senlis, Jacques de Saint-Gobert, qui s'oppose au mariage. Après de longs débats juridiques, le couple quitte la France et s'installe à Bruxelles. Il est accusé de rapt, et condamné à mort par contumace. Il vit alors dans l'entourage de la cour de Maximilien Emmanuel de Bavière, gouverneur général des Pays-Bas. En 1700, il séjourne à la cour de l'electeur palatin à Düsseldorf. Il se marie avec Marguerite de Saint-Gobert en 1701.
Son ami et successeur à la chapelle des pages, le compositeur Jean-Baptiste Matho, lui obtient une lettre de recommandation du duc de Bourgogne pour Philippe V, le roi d'Espagne. Il vit à Madrid à partir de 1703.
Henry Desmarest, De Profundis (vers 1704), par Hanna Bayodi, Stéphanie Révidat, François-Nicolas Geslot, Sébastien Droy, Le concert spirituel, sous la direction d'Hervé Niquet.Henry Desmarest, Messe à double chœur (avant 1704), par La capella reial de catalunya, sous la direction de Jordi Savall.
En 1706, grâce à quelques relations, il est nommé surintendant de la musique à la cour de Lorraine pour un revenu de 2 000 livres annuels.
Un second fils, François Antoine, naît en 1711.
En 1712 il adresse une pétition à Louis XIV pour obtenir la permission de revenir en France, elle est rejetée. Ce n'est qu'en 1722 que le Régent permettra à Desmarest de revenir en France.
En 1726, le décès de De Lalande laisse un poste de sous-maître de musique vacant, mais il ne l'obtient pas ; en 1727, sa femme meurt, et il finit ses jours à la cour de Lorraine.
Henry Desmarest,
Manuscrit des Ursulines de la Nouvelle-Orléans, Le concert lorrain, sous la direction d'Anne-Catherine Bucher.
Catalogue des œuvres
Édition monumentale des œuvres d'Henry Desmarest, sous la direction de Jean Duron. « Patrimoine musical français : monumentales»,
Centre de musique baroque de Versailles.
Messe à 2 chœurs et 2 orchestres, édition par Jean Duron et Xavier Janot. CMBV 035, 2000.
Motets lorrains, édition par Jean Duron. CMBV 028, 2000.
Petits opéras, édition de Nathalie Berton et de Jean Duron. CMBV 025, 1998.
Didon, édition de Géraldine Gaudefroy-Demombynes et Jean Duron (tragédies lyriques volume 1). CMBV 034.
Venus & Adonis, édition de Jean Duron. CMBV / Éditions
critiques / monumentales (tragédies lyriques volumle 4), 2010.
sd., Airs et brunettes à 2 et 3 déssus pour les flutes traversières
sd. La toilette de Vénus, cantate, texte de Henault [texte dans les «œuvres inédites de M. le président Henault» (1806)]
Beati quorum (motet) 1683 [perdu]
1678 (vers 1678), Te Deum (motet) première version
1682, Idylle sur la naissance du duc de Bourgogne [perdue]
1682, Plutus, ou Le triomphe des richesses, ballet, créé Collège Louis-le-Grand à Paris le 5 août 1682 [attribution douteuse, manuscrit à la Bibliothèque nationale de France : attribué à Desmatins]
1685, Théagène et Cariclée, tragédie en musique en 5 actes et 1 prologue, livret de J.-F. Duché de Vancy, créé le 12 avril 1695
1686, Endymion, tragédie en musique en 5 actes avec prologue, créé à Versailles du 16 au 23 février et le 5 mars 1686 [perdu]
1686, La Diane de Fontainebleau, divertissement, livret de Maurel, créé à Fontainebleau le 2 novembre 1686 [manuscrit à la bibliothèque de l'Arsenal de Paris]
1693, Didon, tragédie en musique en 5 actes et 1 prologue, livret de L.-G.G. de Saintonge, créé le 5 juin ou le 11 septembre 1693 [manuscrit à la Bibliothèque nationale de France]
1694, Circé, tragédie en musique en 5 actes et 1 prologue, livret de Saintonge, créé le 11 novembre 1694
1695, Les amours de Momus, ballet en 3 actes et 1 prologue, argument de Duché de Vancy, créé les 12-14 juin 695
1697, Vénus et Adonis, tragédie en musique en 5 actes et 1 prologue, livret de J.-B. Rousseau, créé vers mai-juillet 1697
1698, Les festes galantes, ballet en 3 actes et 1 prologue, argument de Duché de Vancy, créé le 10 mai 698
1700-1702, Dix-neuf extraits. Dans «Nouvelles parodies bachiques», 1700-1702
1701, Divertissement représenté à Barcelone pour le mariage de leurs majestez catholiques en octobre 1701, livret de Saintonge [perdu et attribué à Desmarest]
1702-1721, Airs. Dans des recueils «d'airs sérieux et à boire», février 1702, mars 1706, août-novembre 1706, avril 1713, janvier)
1704, Iphigénie en Tauride, tragédie en musique en 5 actes et 1 prologue, livret de Duché de Vancy et A. Danchet d'après Euripide, créé le 6 mai 1704 [complété par Campra]
1704 (avant 1704), Veni Creator (motet) ; Cum invocarem (motet) ; Exaudiat te Dominus (motet) ; Domini est terra (motet) ; Quemadmodum desiderat (motet) ; Deus in adjutorium (motet) ; Confitebor tibi (motet) ; Dominus regnavit (motet) ; Nisi Dominus (motet) ; Beati omnes (motet) ; De profundis (motet)
1704, Musique dans Télémaque, ou Les fragmens des modernes
1707, Confitebor tibi (motet)
1707 (après 1707) Te Deum (motet) seconde version ; Domine ne in furore (motet) ; Lauda Jerusalem
1707, Marche de l'Orenne, et Trio
1708, Usquequo Domine (motet) 1ère version, seconde version après 1708
1709, Le temple d'Astrée, divertissement en 5 scènes, livret de du Tremblay, créé à Nancy le 9 novembre 1709 [livret seul conservé]
1710, Armide
1711, Diane et Endymion, tragédie en musique en 5 actes et 1 prologue, livret de Saintonge, créé à Nancy en janvier 1711 [perdu, attribué à Desmarest]
1712, Divertissement pour l'électeur de Bavières, créé à Namur en 1712 [perdu]
1717, Divertissement pour la fête du duc de Lorraine en 6 scènes et 1 prologue, livret de Cusson, créé à Lunéville le 15 novembre 1717 [livret seul conservé, révisé comme Divertisement pour le mariage du prince de Lixheim, créé à Nancy en 1721
1722, Renaud, ou La suite d'Armide, tragédie en musique en 5 actes et 1 prologue, livret de S.-J. Pellegrin, d'après Le tasse, créé le 5 mars 1722
1724, Le couronnement de la reine par la déesse Flore, cantate, texte de Marchal [musique perdue]
1724, Clytie, cantate [musique perdue]
1724, Le lys heureux époux, cantate texte de Marchal [musique perdue]
1725-1730, Sonates (6) pour flûte et basse continue [attribution incertaine]
1726, Meslanges de musique latine, françoise et italienne
1729-1732, Nouveau recueil de chansons. Den Haag, 1729 ; 1732
1730, Idylle sur la naissance de Monseigneur le Dauphin. Paris & Lyon 1730 [attribution douteuse]
1731, Second recueil des nouvelles poésies spirituelles
1731, Sonates, pour 2 flûtes ou violons. Paris & Lyon 1731 [attribution incertaine]
1737, Nouvelles poésies morales sur les plus beaux airs
Bibliographie
ANTOINE MICHEL, Henri Desmarest. Paris 1965
BRENET M., Desmarest, un compositeur oublié du XVIIIe siècle. Dans «Le ménestrel» (49) 1882-1883, p. 305-307 ; 313-315 ; 321-323 ; 329-331
CHOUQUET, Histoire de la musique dramatique en France. Paris 1873
DURON JEAN et FERRATON YVES (éditeurs), Henry Desmarest (1661-1741) : exils d'un musicien dans l'Europe du
Grand Siècle. Centre de musique baroque de Versailles, «Musique,musicologie», Sprimont 2005
FAJON R., L'opéra à Paris du Roi-Soleil à Louis le Bien-aimé. Genève 1984
JACQUOT A., La musique en Lorraine. Paris 1882
LA GORCE JÉRÔME DE, L'Académie royale de musique en 1704, d'après des documents inédits conservés dans les archives notariales. Dans «Revue de musicologie» (65) 1979, p. 170-191
LECERF DE LA VIÉVILLE, Comparaison de la musique italienne et de la musique française. Bruxelles 1705
MARPURG, Historisch- Critische Beyträge (2). Lange, Berlin 1756
Mercure de France, 1682-1762
TÉNÉO M., Miettes historiques : correspondence théâtrale du XVIIe siècle. Dans «Mercure musical» (1), 1905, p. 577-583 & 620-627 ; (2) 1906, p. 21-28 & 71-78
TITON DU TILLET E., Le Parnasse françois (supplément 1) Paris 1743
WOOD C., Orchestra and Spectacle in the tragédie en musique, 1673–1715 : Oracle, sommeil and tempête. Dans «Proceedings of the Royal Musical Association» (108) 1981-1982, p. 25-46
Discographie
Desmarest, Grands motets lorrains, Les Arts Florissants, sous la direction de William Christie.ERATO, 2000
Sophie Daneman (dessus), Rebecca Ockeden (dessus), Paul Agnew (haute-contre), Laurent Slaars (taille), Arnaud Marzorati (basse)
7.-14. Lauda Jerusalem : « Lauda Jerusalem, « Quoniam Confortavit, « Qui Emittit », « Qui Dat Nivem Sicut », « Mittit Crystallum », « Emittet Verbum », « Qui Annuntiat », « Non Fecit Taliter ».
15.-24. Domine, Ne In Furore : « Miserere Mei, Domine »; « Et Anima Mea », « Convertere, Domine », « Quoniam », « Laboravi », « Turbatus Est A Furore », « Discedite A Me Omnes
», « Exaudivit », « Erubescant ».