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Blanche Selva
1884-1942

Née à Brive-la-Gaillarde 29 janvier 1884, morte à Saint-Amand-Tallende 3  décembre 1942.

On sait peu de choses sur sa scolarité et ses premières études musicales. Son père,  représentant en étoffes, a souvent déplacé  sa famille au gré de ses régions de  prospection.

Blanche Selva suit très jeune des cours de piano. Elle est admise en 1893 comme auditrice libre au Conservatoire de Paris, puis en classe préparatoire. Elle suit la classe de première année d'Alphonse Duvernoy, quitte définitivement l'établissement à la fin de l'année scolaire, en 1896.

La famille s'installe à Genève. Blanche Selva participe à quelques soirées musicales en Suisse.

En 1899, la famille s'installe à Valence, où, le 8 août,  elle est présentée à Vincent d'Indy qui la prend sous sa protection et comme élève à la Schola cantorum.

La famille s'installe de nouveau à Paris en 1901, elle est nommée professeure de piano à la Schola Cantorum en octobre de la même année.

Elle est aussitôt intégrée à la « famille Scholiste ». La Schola, outre le fait d'offrir à Blanche Selva, en la personne de Vincent d'Indy, un objet de vénération, est pour elle un milieu propice, grâce auquel elle développe une débordante activité de pédagogie du piano, d'édition musicale, et une carrière de soliste. En retour, elle est pour l'établissement une représentante d'élite appréciée. En 1910, elle donne son 500e concert.

Blanche Selva interprète la Partita n° 1 en si ♭majeur de Johann Sebastan Bach.

Lectrice exceptionnelle, acharnée quand il s'agit de surmonter les difficultés techniques, elle aborde les partitions les plus difficiles. Elle crée les œuvres de ses amis du réseau scholiste, dont les 3 premiers cahiers d'Ibéria d'Isaac Albéniz (le second cahier lui est dédié). Elle donne au cours des soirées pédagogiques du mardi soir de la Schola cantorum, l'ensemble de l'œuvre pour clavier de Jean-Sébastien Bach (en 17 soirées à partir de 1904). Elle crée, entre autres, le 13e Nocture de Gabriel Fauré, la Suite opus 14 d'Albert Roussel, la Sonate de Vincent d'Indy.  Son répertoire est très étendu, mais  elle semble insensible aux nouveautés de l'avant-garde et aux profonds bouleversements du langage musical qui se jouent à son époque et passent nécessairement par Paris. Elle reproche même à son ami Albert  Roussel, ce qu'elle considère comme des licences dans l'harmonisation  de certaines de ses compositions.

En 1913, elle publie un livre sur la sonate qui connaît plusieurs éditions. Cet ouvrage veut être une « Étude de son évolution technique, historique et expressive en vue de l'interprétation et de l'audition ». Mais place Beethoven comme accomplissement de l'histoire, encadré par une une sonate qui serait pré-beethovénienne, et une autre qui serait post-beethovénienne. Elle fait paraître par la suite une version abrégée sous le titre « Quelques mots sur la sonate ».

Vers 1915, elle commence la rédaction d'une méthode pour l'enseignement du piano (inspirée de Rudolph Breithaup (1873-1945), qui est base d'un vaste réseau, en France, d'enseignement du piano et de formation de professeurs. Point culminant de son organisation, le Mas del Sol, près de Brive, où elle ouvre une académie d'été dans les années 1918. L'entreprise tourne court, elle ne touchera pas les milieux professionnels et institutionnels. Elle a publié un bulletin, « la Chaîne selvique » qui en est resté à son premier numéro. Elle est secondée, dans la diffusion de son enseignement, en particulier par Cécile Piriou (l'épouse du compositeur Adolphe Piriou) et sa sœur, Catherine Cunq.

Blanche Selva est très liée avec les frères de Castéra piliers de la Schola Cantorum, et avec Déodat de Séverac, qui lui fait partager ses idées régionalistes, qui ont à l'époque une certaine force et parfois des développements antirépublicains.

Déodat de Séverac dans sa maison de Saint-Félix de Caraman. 

En 1918, Alfred Cortot lui donne une classe d'interprétation à l'École Normale de Musique de Paris qu'il vient de créer.

En 1919, Guy Ropartz l'appelle à Strasbourg pour y enseigner le piano au Conservatoire. À la même époque, elle fait la connaissance du compositeur Václav Štěpán qui l'introduit dans les milieux musicaux de Prague. Après avoir quitté son poste à la Schola cantorum, elle assure, en plus de celui de Strasbourg, un enseignement à Prague entre 1921 et 1924.

Blanche Selva, caricature de Charles Constantin, 1903.

En 1924, sous l'influence de sa collaboration avec le violoniste Juan Massiá (qu'elle a peut-être connu à Barcelonne en 1911), avec lequel elle joue en duo, elle abandonne son poste à Prague, résilie la bail de son appartement parisien, et s'installe à Barcelone, où elle ouvre sa propre école, tout en continuant ses tournées de concerts et à superviser à l'occasion le travail de ses élèves français.  Elle à ponctuellement travaillé avec Pablo Casals.

Elle quitte son poste de Strasbourg en 1927. Elle publie en 1930 une biographie de Déodat Séverac.

Avec Vincent d'Indy

En 1930, elle est victime d'une attaque cérébrale qui la prive de son agilité digitale, malgré une longue rééducation.

Elle revient en France en 1936, au moment de la guerre civile espagnole. Installée près de Clermont-Ferrand, elle meurt des suites d'un cancer le 3 décembre 1942.

Autobiographie

Notes sur la carrière de Blanche Selva, professeur au Conservatoire de Strasbourg, au Conservatoire de Prague, enseignement et concerts à Barcelone. Dans « La Revue Pleyel » (36, 3e année) septembre 1926, p. 26-27

L'éminente virtuose Blanche Selva nous adresse du Mas del Sol une note qui nous révèle toute l'activité artistique de la grande artiste et de son collaborateur Joan Massià.

Nommée de suite après la guerre professeur supérieur de piano au Conservatoire de Strasbourg, je fus appelée, quelques mois plus tard, en Tchécoslovaquie, pour une tournée de concerts, au cours de laquelle la France fut cordialement et triomphalement fêtée, en moi, par ses amis et alliés les Tchèques, les Moraves et les Slovaques.

Peu de temps après je fus nommée professeur supérieur de piano (classe de maîtrise) et d'interprétation musicale au Conservatoire National de Prague. Pendant cinq années j'ai professé ces matières là-bas, avec le plus grand intérêt pour la noble nation Tchèque pour laquelle je garde une profonde admiration et une très vive sympathie.

Dans ces cours de piano, destinés à transmettre ma méthode d'enseignement et d'exécution pianistique, j'ai pu former là-bas plusieurs professeurs de valeur, dont la jeune Lilusa Novakova, (qui a fait cet hiver une tournée de concerts, très réussie, en France, où elle est redemandée pour l'an prochain) est un des tempéraments les plus remarquables et un des talents les mieux formés.

Dans les cours publics d'interprétation musicale, spécialement dédiés à la musique française, j'ai fait entendre la quasi totalité des oeuvres les plus marquantes pour piano, en les rattachant aux oeuvres d'orchestre, de musique de chambre, de chant et de théâtre les plus caractéristiques de l'école française, tant ancienne que moderne.

Ce fut à l'expiration de ce mandat d'enseignement au Conservatoire de Prague que je reçus du Gouvernement Tchécoslovaque la croix de chevalier de l'Ordre du Lion Blanc.

Me trouvant, du fait de l'expiration de mon contrat avec le gouvernement tchécoslovaque, libre de mes mouvements, je mis à profit cette liberté pour réaliser un secret et long désir :

Française de nationalité, mais Catalane de race, par tous mes ancêtres paternels (mon nom même en témoigne) depuis longtemps, en effet, j'avais aspiré à vivre au milieu de mon pays ancestral et à fraterniser avec le groupe d'artistes si nobles, si vivants, si traditionaliste et primesautier à la fois, qui fait de Barcelone, depuis bien des années déjà, et de plus en plus un des centres artistiques du monde les plus ouverts au grand art, et à toutes les idées neuves et fortes, mises au service d'un haut idéal.

Libre donc, je suis allée fixer ma demeure à Barcelone, tout en continuant à exercer, comme avant en France et ailleurs, mon activité de professeur et d'artiste, soit seule, soit avec le violoniste Joan Massiá, avec qui je me suis associée, il y a plus de deux ans, pour l'enseignement et pour les concerts.

Notre temps à tous deux se trouve donc partagé entre l'enseignement et les concerts à Barcelone, les tournées d'enseignement dans nos groupements d'élèves à Paris, Lyon, Strasbourg, Marseille, Avignon, Nîmes, Bordeaux, Bayonne, Saint-Jean-de-Luz, Angers, Rouen, etc., etc., et de concerts en France, en Espagne, en Belgique, en Suisse, etc., etc., et les Cours d'Eté, pour professionnels et amateurs, que j ai fondés à Brive, dans la petite campagne où je suis née et à laquelle j'ai donné, plus tard, par affection pour mon pays paternel, le nom catalan de Mas del Sol (Maison du Soleil).

Ces cours, qui fonctionnent depuis déjà 6 ans, et que fréquentent régulièrement un grand nombre d'élèves-professeurs, venus de tous les coins de France et du monde, ont lieu chaque jour pendant 6 semaines d'été. C'est là surtout que viennent s'alimenter les professionnels qui, l'année scolaire venue, s'en retournent chacun chez soi, distribuant autour d'eux les connaissances reçues, les développant pour leur propre compte et créant ainsi, dans chaque ville, dans chaque région où ils sont, des foyers de véritable art, où les enfants et les adultes peuvent puiser un développement aussi rapide que solide et beau.

Dans cet enseignement ainsi diffusé à travers le monde, j'ai déjà pu décerner près de 900 diplômes d'exécutant de divers degrés et une soixantaine de diplômes de professeur.

Outre l'enseignement complet du piano, par moi et mes professeurs diplômés, les élèves reçoivent à mes cours d'été l'enseignement de la musique de chambre, par Joan Massià et par moi ; du violon par Joan Massià; du solfège, de l'improvisation et de la rythmique par Marie-Louise Bouet, professeur diplômé de l'Institut Jacques [sic] Dalcroze de l'analyse musicale par moi, et des notions de chant grégorien, par Marguerite Monier, de Lyon.

Cette année, ces cours se sont terminés par une manifestation demandée par la municipalité de Brive, en accord avec la Fédération régionaliste Française, à l'occasion d'un congrès régional qui eut lieu à Brive, du 29 août au 5 septembre.

Le 30 août, eut lieu à Brive une journée Musicale Blanche Selva au cours de laquelle, le matin, il y eut une démonstration de l'enseignement au Mas del Sol et le soir un concert au Théâtre de Brive ; manifestations auxquelles prirent part de nombreux élèves professeurs, venus de pays bien divers.

Outre les professeurs de divers groupements de France : (Emeline Metz, professeur au Conservatoire de Strasbourg ; Marguerite Monier, de Lyon ; Marguerite Perre, de Marseille ; Andrée Vidal, de Nice ; Eugénie Triol, de Nîmes ; Rosy Dupont, de Bordeaux, etc., etc.), y prirent part des artistes et professeurs de plusieurs pays plus ou moins lointains : Libuse Nonakova, de Prague ; Cobra Smaan, professeur au Conservatoire d'Amsterdam ; wiga Pozenel, de Ljubljana (Slovenie), Ruth Hanak, des Etats-Unis, etc.

Au début d'octobre, je dois aller faire une nouvelle série de cours d'interprétation au Conservatoire de Strasbourg, consacrés à la Sonate avant Beethoven et à la Sonate beethovenienne pour piano.

De retour à Barcelone, nous reprendrons, Joan Massià et moi, notre activité commencée, notamment celle des Auditions expliquées, consacrées aux chefs-d'oeuvre de la musique de piano et de violon et piano.

Chaque mois de l'année scolaire (novembre à juin), réunit dans une délicieuse et traditionnelle salle d'art la Salle Parès, un public merveilleusement fervent et recueilli, auquel j'explique, en langue catalane, les principales caractéristiques expressives et musicales des oeuvres que nous exécutons, conférences qui sont ensuite publiées à Barcelone.

L'hiver dernier, ce furent les Sonates de Beethoven, pour piano et pour piano et violon.

L'hiver qui vient, ce seront des séances en l'honneur de Bach. dont nous jouerons les plus hautes oeuvres pour chacun de nos instruments (les 6 suites pour violon seul, les Sonates de violon et piano, les Toccatas, Fantaisies, Suites, Préludes et Fugues pour piano seul), encadrées par des oeuvres typiques des écoles française et italienne pour piano et pour violon et piano.

Outre cela, les Associations de concerts de Barcelone, telles que les concerts de l'orchestre Casals (avec qui je dois jouer Mon Lac, de Witkowski à la fin d'octobre),  " l'Associaciô dels Amies de la Musica " au nombreux et si fervent auditoire, etc., nous ont demandé à nouveau notre concours pour cette nouvelle saison ainsi que différentes associations de musique des autres villes de Catalogne.

De plus, des tournées de concerts en France, en Belgique, en Espagne, en Yougoslavie, etc., nous sont demandées. Et l'enseignement dans tous nos groupements de France... Il y a de quoi travailler encore pour l'année qui vient ! ... sans compter les ouvrages d'enseignement musical qui doivent faire suite et complément aux six livres de L'Enseignement musical de la Technique du Piano. Il y a les Tables de Travail pour la corrélation des matières dans l'étude et l'enseignement du piano, que je dois écrire depuis déjà longtemps sans y parvenir.

Il y a les Bases de l'accentuation musicale, les Analyses d'oeuvres, au point de vue accentuation, phrase, travail et réalisation techniques, que nous devons publier, Joan Massià et moi...

Il y a les conférences en catalan, les conférences en français...

Il y a, il y a..., il y a le temps, la vie qui manque pour tout faire, quand on le voudrait, et comme on en sentirait le besoin...

Blanche SELVA.
Mas del Sol, 15 août 1926.

Catalogue des œuvres

Musique

Blanche Selva ne semble pas avoir porté une grande intention à la composition. Elle a peu composé, pratiquement pas publié. Quelques manuscrits, difficilement localisables, sont éparpillés dans différentes collections, quelque œuvres fantômes ou perdues sont indiquées par des catalogues, la correspondance ou des catalogues d'éditeurs. On peut citer :

Écrits

Bibliographie

Discographie

Blanche Selva avait un contrat avec la maison d'édition discographique Columbia, auquel son accident cérébral mit fin. Elle a toutefois enregistré entre 1928 et 1930 quelques œuvres. Une partie de ces enrtegistrements, réalisés à Barcelone semblent avoir été détruits par la guerre.

 

Blanche Selva, Une promenade musicale.

Enregistrements historiques de Blanche Selva, Vincent d'Indy, Lazare Lévy, Moriz Rosenthal, Georges de Launay, Babeth Leonet, Yvonne Lefébure. Centre international Ambert Roussel, 2008

 Lire une présentation de ce cédérom

 

Blanche SELVA (1884-1942) — Jean-Sébastien Bach : 01 - Adagio ma non troppo ( Joan Massiá ). LFX 108 ( Matrice LX 750). 1 . Partita en si bémol : D 15234- 5 ( Matrices LX 1020-23 ). 02 - Prélude . 03 - Allemande. 04 - Courante. 05 - Sarabande. 06 - Menuet. 07 - Fugue — Ludwig van Beethoven : Sonate op 24 « Le printemps » ( Joan Massiá ). LFX 105-8 ( Matrices LX 1370-8 ) . 08 - Allegro.  09 - Adagio et Scherzo.  10 - Rondo. 11 - Finale — César Franck : Prélude, Choral et Fugue. LFX 168-170 ( Matrices 1382-7 ). 12 - Prélude. 13 - Choral. 14 - Fugue. Déodat de Séverac : 15 - Baigneuses au soleil.   D 15142, ( Matrices LX 771- 2 ). 16 -   Vers le mas en fête (1ère des 5 suites de « En Languedoc ») D 15140 ( Matrices 793-4) Par le chemin du torrent, Halte à la fontaine , Le mas en fête. 17 -   Les muletiers devant le Christ de Llivia (4° des 5 pièces de Cerdana) D 15141 ( Matrices 791-2 ). Édition Malibran, 177, 2002 [la restitution n'est pas de bonne qualité]

César Franck : Prélude, Chorla et Fugue. Timpani 4C4017, 1930 (réédition 1993)

Jean-Sébastien Bach : Partita n°1, PEARL 9495

Julio Garreta (1875-1925) [?] Sardanas (1 et 2), Columbia, 2594 D, 1931 (?) 

Julio Garreta (1875-1925) [?], Sardanas, dans « Various Women at the Piano » (2) : An Anthology of Historic Performances. Naxos Historical, Cat. 8111121

voir : « Musical Times » (72, n° 1061) 1er juillet 1931, p. 611-612)

 

Jean-Marc Warszawski
18 novembre 2006
Révision 8 décembre 2008
Révision superficielle 4 mai 2010

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Vendredi 15 Mars, 2019