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édition de samedi 8 avril 2014 —

Saint-Louis et la Sainte-chapelle avec l'ensemble Diabolus in musica

Diabolus in musica

Ce concert, qui est donné le 25 avril à la Sainte-Chapelle de Paris (20h30), propose une sélection de chants puisée aux offices majeurs de deux imortantes célébrations de la Sainte-Chapelle de Paris au xiiie siècle : les premières vêpres de la fête des Saintes Reliques, célébrées au soir du 29 septembre, et les matines de la fête de la Sainte Couronne, pendant la nuit du 11 août.

Ces offices sont principalement composés de psaumes et de lectures. Dans la pratique liturgique, deux types de compositions musicales leurs sont associés. La cantillation du psaume est encadrée par le chant assez bref d'une antienne, qui actualise le psaume dans le contexte particulier de la fête. Chaque lecture est suivie d'un répons, chant long et assez orné, qui fait figure de méditation musicale du texte qui vient d'être lu.

Les vêpres des Saintes Reliques ont été retranscrites à partir d'un petit recueil d'offices de la Sainte-Chapelle de la fin du xiiie siècle. L'office de la Sainte Couronne a quant à lui été restitué à partir d'un bréviaire de la fin du xiiie siècle, originaire de Sens, et se conclut par le Gaude felix Francia, conduit polyphonique à deux voix, composé pour le couronnement de saint Louis en 1226, puis par le triomphal Te Deum, chanté ici en polyphonie « à la quinte ».

d'après Daniel Saulnier

25 avril 2014
Paris, Sainte-Chapelle

Saint-Louis et la Sainte-Chapelle
Ensemble Diabolus in musica

direction, lectures, percussion
Antoine Guerber

Raphaël Boulay (ténor)
Olivier Germond (ténor)
Jean-François Delmas (baryton)
Emmanuel Bouquey (baryton-basse)
Emmanuel Vistorjy (baryton-basse)
Philippe Roche (basse)

Procession
Salva nos Stalla Maris (rundellus)
O Summi Regis (rundellus)
O Vera O Pia (conduit à 3 voix)
Geudens in Domino (conduit à 3 voix)
Pater Noster (conduit à 3 voix)

Premières Vêpres de la fête des Reliques
Vexilla Regie glorie, antienne Dixit dominus (psaume)
Te Cchrietie laudent supera (répons)
Deus misertus (conduit à 4 voix)
Sursum corda (conduit à 2 voix)

Office de la Sainte Couronne d'Épines :
3e Nocturne
.
Lecture
Altare Thyamiatis (répons)
Lecture
Mensa sacra pagina (répons)
Lecture
SI Virtutum gradus isti (répons)
Gaude felix Francia (conduit à 2 voix)
Te Deum Laudamus (hymne)

Sainte-Chapelle, 8 Boulevard du Palais, 75001 Paris. Diabolus in musica.

La fête des Saintes Reliques

Par Daniel Saulnier ——

La Sainte-Chapelle de Paris est un fabuleux reliquaire. Elle en a la forme, certes, mais surtout, elle fut conçue pour abriter le trésor le plus précieux de la chrétienté, les souvenirs de la Passion du Seigneur. Chaque année depuis sa fondation, elle célèbre donc, le 30 septembre, une grandiose commémoration en l'honneur de toutes les reliques conservées dans son trésor. L'office les énumère avec  solennité au long des antiennes et des répons : un fragment de la Croix, la couronne d'épines, la lance, l'éponge, un clou, un morceau de la pierre du tombeau, une chaîne. Et d'autres, peut-être moins sérieuses, comme cette fiole du lait de la Vierge, ou les langes de l'enfant Jésus qui obtiennent qui son antienne et qui son répons ! Les premières vêpres constituent l'ouverture,  le moment le plus solennel de la fête. Célébrées en fin d'après-midi le 29 septembre, elles supplantent même l'universelle fête de l'archange Michel.

L'office, probablement élaboré au cours de la seconde moitié du xiiie siècle, est une composition propre à la Sainte-Chapelle de Paris. Selon les usages de l'époque, les textes en sont entièrement rythmés (le plus souvent sous forme de vers polymètres de 7 et 8 syllabes) et rimés (sur les deux dernières syllabes des divisions principales). Les mélodies des antiennes et des répons, de large ambitus, se suivent dans l'ordre des huit modes de l'octoechoscarolingien, selon un principe qu'on fait remonter à Etienne de Liège et à son office de la Sainte Trinité au début du xe siècle. Formalisme des modes, formalisme des rythmes, succession de tournures mélodico-verbales attendues : les procédés de la centonisation modale laissent – on le sait – peu d'espace à l'inattendu. Rien pourtant qui fasse obstacle à la grandeur, comme en témoigne le répons Te Christe laudent supera, avec son traditionnel mélisme final soulignant le mot vexilla et son verset sobrement déployé sur une neuvième. Le même mot Vexilla s'était déjà vu mis en exergue dès la première antienne. Sûrement pas par hasard : l'office s'ouvre ainsi par les mêmes mots que le célèbre hymne à la Croix composé par Venance Fortunat,Vexilla regis.

L'office n'ayant sans doute jamais été célébré en dehors de la Sainte-Chapelle de Paris, se trouve dans un nombre très réduit de manuscrits. Le recueil conservé à Bruxelles (BR IV 472, f° 31v-54r) nous a heureusement consigné la totalité de l'office des Saintes Reliques dans une belle notation carrée française, parfaitement lisible, avec clés, bémol et bécarre.

L'office de la susception de la couronne d'épines

D'après Jean Chapelot ——

La fête de la susception de la couronne, fixée au 11 août, inscrite après 1239 dans le calendrier liturgique de la Chapelle royale, sera célébrée à cette date dans les diocèses de Sens et de Paris jusqu'à la fin du xixe siècle. La couronne d'épines sera installée en 1806 dans le trésor de la cathédrale Notre-Dame de Paris où elle est présentée au public.

L'office de la susception de la couronne d'épines célébré le 11 août 1239 à Sens est lié à un événement exceptionnel, l'arrivée à Paris d'une insigne relique qui symbolise par sa présence la place de premier plan qu'occupe alors dans la Chrétienté la capitale du royaume de France.

Pour reconstituer cet office dans sa forme originale, nous disposions du texte donné par des bréviaires des xiiie-xive siècles. A partir de l'un d'entre eux, de la seconde moitié du xiiie siècle et qui est noté, la musique, représentative du plain-chant de l'époque, a pu être reconstituée.

Le texte de l'office est attribué à Gautier Cornu qui, avant de devenir archevêque de Sens en 1222, avait été chanoine puis doyen du chapitre de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Il a donc côtoyé Pérotin (v. 1160-v. 1230), chantre, c'est-à-dire maître de chapelle de la cathédrale, et d'autres musiciens appartenant à ce que l'on appelle l'Ecole de Notre-Dame.

Cet office, organisé en neuf leçons, raconte l'histoire de la couronne d'épines. Le texte commence par la découverte (datée traditionnellement de 326) des reliques de la Passion et de la couronne lors d'une fouille ordonnée sur le Golgotha, à l'emplacement de la crucifixion, par Hélène, mère de Constantin (272-337), premier empereur chrétien, Il s'achève par le récit du transport de la couronne de Constantinople vers Venise, son arrivée à Sens et son entrée dans Paris où, par sa présence, « le royaume de France est exalté ».

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Lundi 3 Avril, 2023