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Yves Chartier, Professeur d'histoire de la musique à l'Université d'Ottawa : Documents pour servir à l'histoire de la théorie musicale.

Reginon de Prüm : Epistola de Armonica Institutione [«Lettre sur la science musicale»], §§1-3

Indications biographiques

Historien, canoniste et théoricien réputé, auteur d'une Chronica qui va de la naissance du Christ à l'année 906 et d 'un manuel pratique ou vade-mecum de droit ecclésiastique ( De synodalibus causis), Réginon, abbé du monastère Saint-Sauveur de Prüm, dans les Ardennes, de 892 à sa destitution en 899 pour des motifs politiques, est né vraisemblablement à Altrip ( Alta Ripa) sur le Rhin, près de Ludwigshafen, entre 840 et 850, et mourut à Trèves en 915. Il est aussi l'auteur d'un important *tonaire destiné à mettre en ordre et à classifier du point de vue de la modalité ecclésiastique l'abondant répertoire de la Messe et de l'Office monastique tel que pratiqué dans le diocèse de Trèves dans la seconde moitié du IXe siècle. Compilé à partir d'antiphonaires de Prüm et de Trèves entre 900 et 906, ce tonaire contient les incipit notés d'environ 1250 pièces classées dans l'ordre des huit tons, chacun avec ses *différences (differentiae) ou soudures mélodiques entre la cadence finale de l'antienne ou du répons et la psalmodie du psaume d'accompagnement. Au tonaire est jointe une lettre dédicatoire à son protecteur, l'archevêque Rathbod († 915) de Trèves, dans laquelle Réginon explique les circonstances de composition de son ouvrage et les principes de sa classification modale. C'est, sur ce sujet délicat, l'un des exposés les plus précis que l'on possède de cette époque.

Éditions

Yves Chartier, L'Epistola de Armonica Institutione et le tonaire de R. de P., 200? (éd. critique, traduction, commentaire et bibl. complète). Le tonaire seul dans E. de Coussemaker, Script. 2 (1867), p. 1-73 (transcription très défectueuse du ms. 2751 de la Bibl. Roy. de Bruxelles).

Autres éditions de l'Epistola

M. Gerbert, Scriptores 1 (1784 ; rHildesheim, 1963), p. 230-247, éd. reproduite par Migne, PL 132, col. 483-502)

Mary P. LeRoux, diss. Washington, The Catholic University of America, 1965

Michael Bernhard, in Clavis Gerberti. Eine Revision von Martin Gerberts Scriptores, Munich, 1989, p. 39-73. Cf. M. Bernhard, Studien zur Epistola de armonica institutione des Regino von Prüm, Munich, 1979 (Veröffentlichungen der Musikhistorische Kommission, 5).

Bibliographie

Y. Chartier, L'Epistola de Armonica Institutione et le tonaire de R. de P., 200? (éd. critique, traduction, commentaire et bibl. complète).

Le tonaire seul dans E. de Coussemaker, Script. 2 (1867), p. 1-73 (transcription très défectueuse du ms. 2751 de la Bibl. Royale de Bruxelles).

Autres éd. de l' Epistola :

M. Gerbert, Scriptores 1 (1784 ; rHildesheim, 1963), p. 230-247, éd. reproduite par Migne, PL 132, col. 483-502)

Mary P. LeRoux, diss. Washington, The Catholic University of America, 1965

Michael Bernhard, in Clavis Gerberti. Eine Revision von Martin Gerberts Scriptores, Munich, 1989, p. 39-73. Cf. M. Bernhard, Studien zur Epistola de armonica institutione des Regino von Prüm, Munich, 1979 (Veröffentlichungen der Musikhistorische Kommission, 5).

Synopsis

Dédicace à l'archevêque Rathbod de Trèves et préambule : circonstances de composition de la Lettre (§ 1).

*Antiennes et introïts irréguliers (§§ 2-3).

Musique naturelle et musique artificielle (§§ 4-9, 19-20).

L'harmonie des sphères et la gamme céleste (§§ 10-12).

La musique et les moeurs (§§ 13-18).

Étymologie du mot 'Musique' (§ 21).

Note et Son (§ 22).

Consonance et dissonance (§ 23).

Nombres et sons (§§ 24-28).

Composition des consonances (§§ 29-30).

Légende de Pythagore et des forgerons (§§ 31-32).

Les sept arts libéraux (§ 33).

Le Grand Système grec (§ 34).

Étymologie des noms des cordes du Grand Système (§ 35).

Conjonction et disjonction (§ 36).

Les consonances inscrites dans le Grand Système (§ 37).

Les cinq espèces de tétracordes (§ 38).

Étymologie des noms grecs des consonances (§§ 39-47).

Les micro-intervalles (§§ 48-51).

La consonance de double octave (§ 52).

Les Muses et la gamme planétaire (§§ 53-54).

Le vrai musicien (§§ 55-59).

Signification des formules échématiques ( Noeane) et formule de salutation finale, § 60).

Extrait

A l'excellentissime seigneur Rathbod, archevêque de la sainte église de Trèves, de Réginon, à jamais son dévoué serviteur.

1. Dans la cathédrale de votre diocèse, comme le choeur chargé d'exécuter le chant des psaumes chantait souvent faux, en raison de l'ambiguité du ton, et que je remarquais que cela incommodait souvent Votre Grandeur, je pris un antiphonaire, et, le feuilletant depuis le début jusqu'à la fin, en suivant l'ordre de son contenu, je départageai les antiennes que j'y trouvai notées chacune en fonction du ton propre qui, à mon avis, doit leur être assigné. Quant aux divisions ou "différences" de ces tons, qui se rencontrent d'habitude sur la dernière syllabe du verset, j'ai pris soin de les grouper dans une section spéciale, afin que l'accord des voix [ou : l'exécution en choeur de la psalmodie] soit juste et harmonieux, ainsi que nous l'ont transmis nos prédécesseurs, et ainsi que la connaissance elle-même de la science musicale nous l'a enseigné. Certains, toutefois, ajoutent d'autres divisions, que nous estimons superflues. Mais pour ne point être blâmé par les musiciens pointilleux, nous nous sommes appliqué à les signaler au-dessus ou au-dessous du <texte> dans la marge <de notre tonaire>, abandonnant au jugement du chantre expert le soin de les estimer nécessaires ou superflues. J'ai, d'autre part, classifié selon leur ton juste non seulement les antiennes, mais aussi les introïts et les communions de la messe ainsi que les répons que l'on chante aux heures de la nuit <en hommage> à Dieu, en m'appliquant avec le plus grand soin à les grouper en fonction de leur affinité tonale <la plus> juste.

2. Il convient toutefois que le chantre expert sache que les soudures tonales [differentiae], dans certaines antiennes, ne sont pas faciles discerner. Il existe, en effet, des antiennes que nous appelons "bâtardes", c'est-à-dire dégénérées et illégitimes, qui commencent dans un ton, appartiennent à un autre au milieu, et finissent dans un troisième. Leur fausseté et leur ambiguité, nous les avons fait ressortir en bonne et due place dans le condensé de l'ouvrage subséquent. Cependant, pour rendre notre pensée plus explicite, nous insérons ici, à titre d'exemple, quelques-unes de ces pièces : Ante me non est formatus Deus. Ex quo facta est vox. Ex Aegypto vocavi filium meum. Ad te Domine levavi animam meam. Sion renovaberis. O mors ero mors tua. Vade iam et noli peccare. Les antiennes ci-mentionnées commencent dans le septième ton, mais quelques-unes finissent dans le premier, d'autres dans le quatrième ton. De même, les antiennes Ne reminiscaris et Tulit ergo paralyticus commencent dans le troisième ton, mais finissent dans le quatrième. Ainsi : Quare detraxistis et Multa quidem et alia signa commencent dans le troisième ton mais finissent dans le sixième. Qui odit animam meam et Et respicientes viderunt commencent dans le troisième ton mais finissent dans le huitième. Quod uni ex minimis meis fecistis commence dans le septième, mais finit dans le premier. Les cas semblables abondent.

3. En vérité, il n'y a pas que les antiennes qui sont ainsi embrouillées par ces ambiguités et ces fluctuations tonales: certains introïts aussi commencent dans un ton, mais finissent dans un autre. Ainsi, l'introït Deus in adiutorium meum intende commence dans le huitième ton, mais finit dans le septième. Pareillement, Accipite iocunditatem et Deus dum egredereris commencent dans le huitième ton, mais finissent dans le quatrième. Repleatur os meum et Caritas Dei commencent dans le troisième et finissent dans le quatrième. Iudica Domine nocentes me commence dans le quatrième, mais finit dans le septième. Eduxit Dominus populum suum commence dans le quatrième, mais finit dans le huitième. Ecce oculi Domini commence dans le troisième, mais finit dans le quatrième. Iustus non conturbabitur commence dans le deuxième, mais finit dans le premier. Dicit Dominus: sermones meos commence dans le troisième, mais finit dans le premier. Les cas semblables <abondent>. Le chantre consciencieux doit donc veiller avec le plus grand soin à toujours accorder plus d'attention au début de l'antienne, de l'introït ou de la communion, pour l'intonation du ton juste, qu'à la conclusion. Au contraire, dans les répons, qu'il examine, pour l'intonation correcte du ton, davantage la fin et la cadence ultime que le début.


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Mardi 24 Janvier, 2023

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