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Nice, le 18 novembre 2012, Jean-Luc Vannier

« L'alliance des castrats » réussit au contre-ténor Matthieu Peyrègne

Le contre-ténor niçois Matthieu Peyrègne dont nous avions déjà parlé dans Musicologie a désormais son public. En témoigne la foule, déjà fidèle à ses « Confé-Concerts », qui se pressait samedi 17 novembre à la manifestation musicale et vocale « L'alliance des castrats » au Centre culturel La Providence de Nice.

Matthieu Peyrègne Michel Geraud (contre-ténor), Sibylle Schuetz Carrière (viole de gambe), Michaëla Chetrite (orgue) et Matthieu Peyrègne (contre-ténor).

Invités tout comme son collègue Michel Geraud par l'Ensemble de la Société de Musique Ancienne et ses instrumentistes Sibylle Schuetz-Carrière à la viole de gambe et Michaëla Chetrite à l'orgue et au clavecin, les deux contre-ténors proposaient un programme baroque en deux parties : une première orientée vers le « sacré » avec des œuvres de Claudio Monteverdi, de Dietrich Buxtehude, un intermède musical de Georg-Philipp Telemann, un duo d'Antonio Caldara et le « tube » des castrats d'Henri Purcell « Sound the trumpet », ce dernier servant probablement de transition. Après une courte pause, le baroque « profane » prenait le relais et offrait en ouverture une émoustillante sonate K208 en La pour clavecin de Domenico Scarlatti puis une cascade de duos pour les deux artistes : le « Lontan dall'idol mio » de Benedetto Marcello et deux pièces de  Georg-Friedrich Haendel.

Michaëla Chetrite Michaëla Chétrite au clavecin

Les voix des chanteurs sont émouvantes. Leur interprétation intense. Mais l'équilibre harmonique entre les deux manque parfois sa cible. Leur volonté manifeste de se différencier vocalement pèse davantage sur les aigus recherchés par Michel Geraud : trop secs, souvent fermés. Cela s'entend dès le « O bone Jesu » de Monteverdi même si les cordes phoniques réclamaient peut-être le temps de se « chauffer ». Ce « défaut » s'atténue lorsque ce dernier se retrouve en soliste pour un subtil « Jubilate Domino » de Buxtehude, ce compositeur allemand du XVIIe spécialiste des veillées musicales sacrées et profanes de l'Avent. Malgré leur échange très réussi sur le « Sound the trumpet » de Purcell, la tessiture plus ample de Matthieu Peyrègne, ses vocalises plus onctueuses et sa capacité à mieux projeter les sons sont autant d'éléments qui accentuent ce contraste. On se souviendra, par exemple, d'une harmonie plus adéquate de Matthieu Peyrègne avec l'alto Gabriel Jublin au Bar Baroque de Nice en octobre 2010.

Sibylle Schuetz-Carrière et Matthieu Peyrègne Sibylle Schuetz-Carrière (viole de gambe) et Matthieu Peyrègne (contre-ténor).

La voix du jeune contre-ténor niçois connaît assurément des évolutions positives vers les graves : Matthieu Peyrègne transporte notamment le public lorsqu'il se lâche dans son « Nel dolce tempo », extrait de la Cantate 135 de Georg-Friedrich Haendel. Il est absolument à l'aise dans la partie chantée mais il esquisse par surcroît un jeu scénique et développe une palette d'intonations qui donnent au récitatif une brillante virtuosité.  Signe qui ne trompe pas, il s'amuse et le public jubile. Aucun doute : Matthieu Peyrègne est prêt. Il doit délaisser les petites estrades et monter sur scène pour jouer dans un opéra baroque : il y fera merveille.

Nice, le 18 novembre 2012
Jean-Luc Vannier


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