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Dijon, Foyer du Théâtre, 16 avril 2011, par Eusebius

L'Art de la fugue, par Brice Pauset

Compositeur maintenant reconnu, Brice Pauset, en résidence à Dijon, doit davantage sa réputation à son œuvre qu'à ses interprétations de musique baroque. Encore que son cursus révèle une curiosité et un goût constants pour cette esthétique, et pour la facture instrumentale correspondante.

Les premières Bachfesten de Dijon ont été l'occasion de l'écouter, en particulier dans une réalisation au clavecin de L'Art de la fugue.

Il adopte l'ordre des pièces de Rust (remis en cause, sur des fondements objectifs, par Jacques Chailley, entre autres), avec le parti pris de séparer les cycles de fugues constitués et relativement autonomes par les canons, comme autant d'intermèdes suspensifs . Pourquoi pas ? De la même manière quand il affirme qu' il s'agit bel et bien d'une œuvre pour clavecin, ce dont il est permis de douter, et qui implique nécessairement une ornementation ajoutée, cohérente. Et ce qui nécessite le recours à deux clavecins pour les deux fugues-miroirs du recueil (volontairement omises ce soir).

Le résultat est peu convaincant. Et ceci pour de multiples raisons autres que celle relative à l'architecture de l'ensemble. Instrumentale, en premier lieu : la pauvreté du timbre et des registrations est un obstacle majeur à la lisibilité des contrepoints. Interprétative ensuite : méconnaître, ou feindre d'ignorer que le rythme caractéristique du Contrapunctus 2 ne pouvait être dans l'esprit de Bach qu'associé à celui d'ouverture à la française, et jouer à un tempo très rapide ce qui, naturellement, implique une certaine majesté, est pour le moins gênant. Il en va de même pour le canon 5 (alla ottava), joué avec une retenue (raide ?) contredite par l'écriture. L'accélération régulière — certainement involontaire —  donnée au Contrapunctus 10 trouble aussi.

Brice Pauset

En bis, le petit prélude en mi bémol (BWV 998), pour luth (ou clavecin, dans l'édition de Carl Philipp Emanuel).

Plutôt que de jouer les Beckmesser de service et de recenser tout ce qui m'a laissé sur ma faim, cherchons à comprendre. Cette interprétation venait peu après un récital (Froberger, Bach et Forqueray), donné l'après-midi, sur le même instrument, et la fatigue était compréhensible. La nervosité aussi (retard de l'accordeur, multiples erreurs de la tourneuse de pages, rumeur de circulation automobile).

Brice Pauset voue à cette musique une admiration qu'il cherche à faire partager. Les six pages de commentaires du programme l'attestent. Son approche mérite d'être encore approfondie, voire remise en cause, pour aboutir à une vision cohérente et musicale, et rejoindre ainsi celle d'un Leonhardt, auquel il se réfère, par exemple.

Eusebius
16 avril 2011.


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