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Jean-Marc Warszawski, 3 mars 2013

La musique en France depuis 1870

La musique en France depuis 1870

François-Sappey Brigitte, La musique en France depuis 1870. Fayard, Paris 2013 [264 p. ; ISBN 978-2-213-67198-7 ; 15 €]

Alors que les éditions Fayard se spécialisent dans les biographies à plus d'un kilo pièce, voici en moins de 300 grammes, sous un titre somme toute anodin si on n'y réfléchit pas plus avant, le panorama (l'embrassement) d'une immense période d'événements artistiques.

Musique en France plutôt que musique française (le monde entier passe par Paris et souvent y reste), d'entrée l'auteure indique et borne les pistes, décrit de manière essentielle et concise l'extraordinaire ouverture au monde, aux autres et à soi de la fin du xixe siècle, un monde qui se découvre et se réinvente après s'être libéré de l'ancien régime. Ce n'est pas encore la table rase, mais au contraire un déverrouillage qui permet de projeter un solide patrimoine dans de nombreuses directions, y compris pour le dépasser et le réinventer.

En 1870 la France capitule devant les armées prussiennes (le peuple parisien y répondra par l'éphémère Commune). Cela se traduit par l'exacerbation, voire la constitution d'une idéologie nationaliste cohérente. C'est connu, Wagner est mort, vive Debussy Claude de France, autour duquel s'organise la troisième partie des six que ce livre comporte. Debussy cultive plus un sentiment antiallemand que nationaliste, et s'inscrit — tout en cherchant des ancrages nationaux comme on le fait partout depuis la moitié du xixe siècle — dans le formidable mouvement de l'art nouveau (seconde partie) qui souffle sur le monde industrialisé et urbanisé, s'abîmant dans le premier conflit mondial.

Les années dites folles (troisième partie) qui suivent, on se relève encore d'une guerre, sont riches en inventions variées, confrontant patrimoine et nouveautés parfois franchement provocatrices, c'est aussi le temps de dada, de l'organisation théorique de l'atonalité. Pour Brigitte François-Sappey, le compositeur central est Maurice Ravel (mort en 1937), « ce novateur épris de formes élégantes et précises » qui « maintient une certaine tradition "classique" pour mieux la transgresser ».

Là encore tout sombre non seulement dans un nouveau conflit mondial, mais encore dans une barbarie inimaginable, et dès le retour à la paix, on décidera de faire table rase — non sans résistances « trahisons » ou contradictions, — y compris de la sève et de tout ce qui scintillait avant ces années sans contact avec la civilisation : Messiaen, Varèse, Jolivet, Dutilleux, Boulez.

Le dernier mot reste celui de Schumann « La musique de l'Avenir ? C'est le chef-d'œuvre ».

Cette histoire concise, rédigée, ancrée dans la dynamique historique, tendue sur l'essentiel et le spécifique conviendra au néophyte en quête de savoir. Il lui faudra toutefois jeter un œil au dictionnaire, pour s'orienter dans la grande quantité de compositeurs cités sans notes de bas de page, et bien sûr écouter ces musiques dont il est question.

Excellent compendium, il intéressera également le connaisseur, qui n'en partagera peut-être pas tout. Pour qui « ne fait que cela », il y a de quoi être séduit et admiratif.

Jean-Marc Warszawski
3 mars 2013


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