Un grand chapiteau de 1000 places en face de la Colline aux oiseaux pour ce premier spectacle de la saison hors les murs du Théâtre de Caen, pour cause de rénovation et modernisation... et un titre en point d'interrogation, « Tempus fugit ? » le temps s'enfuit-il, file-t-il, passe-t-il si vite ? Au point de faire disparaître leur compositeur attitré l'an passé.
Photographie © Yves Petit, Cirque Plume.
« Une ballade sur le chemin perdu » y répond en partie, il est possible de revenir en arrière, de retrouver le temps perdu puisqu'on peut reprendre des numéros et des musiques, les faire revivre même différemment. On peut aussi faire le bilan, positif, de ce qu'on a vécu et comment on l'a vécu, comme le propose dans le programme Bernard Kudlack, le directeur artistique, auteur, metteur en scène et scénographe du Cirque Plume.
Photographie © Yves Petit, Cirque Plume.
Et puisque la ballade est liée nécessairement à la musique, au tempo lent, on peut jouer aussi avec le temps qui passe, se construire, construire un projet, faire d'une fanfare d'amis au début des années quatre-vingt un des nouveaux cirques les mieux reconnus trente ans plus tard.
On peut même jouer avec le tempo d'un métronome fantaisiste, et le prendre à contretemps.
Bref tout l'art du cirque tient à ce travail du temps. Rien n'est gagné d'avance, il faut s'entraîner, prendre le temps, qui n'est alors pas perdu. Sans lui pas de musique, pas de jonglage, pas de trapèze ni de mât chinois, pas de Cirque Plume.
Photographie © Yves Petit, Cirque Plume.
Et l'excellent clown à chapeau (Chapeau!) n'arrête pas d'en témoigner à chaque changement de matériel. Avec le temps, il peut apprendre à marcher sur un fil, à diriger une grande boule... Mais le temps presse et passe, il faut démonter pour le spectacle suivant, pour que chaque artiste nous montre ce que le temps lui permet de faire, toujours en rythme avec la musique, excellente elle aussi, du nouveau compositeur, Benoît Schick. Des mélodies répétitives et légères qui permettent les variations, les jeux de timbres, l'improvisation des musiciens et les figures dansées des acrobates, venus des quatre coins du monde, et tous étonnants.
Sans oublier les tuyaux musicaux, les jeux d'ombres, le tango des gens qui passent, le blues de la fil de fériste, le violoniste volant de Chagall. Et la fanfare finale qui permet de réunir tout ce petit monde dans un avant final joyeux et déjanté.
Juste avant le rappel, une danse des perles de verre, de grandes bonbonnes d'eau qui évoluent dans l'espace en de multiples figures, au mécanisme ultra- précis, sur une ballade douce et aérienne.
Tempus fugit ? Il est passé bien vite, sans longueur ni ennui, et les gamins ont bien ri, presque, et sursauté, laissant aux adultes le droit de s'émerveiller aussi de ce spectacle musical, poétique et populaire.
Pour la suite des spectacles « hors les murs », très musicaux cette année, le site du Théâtre de Caen.
Pour plus d'infos sur Plume et sa tournée, le site du cirque.
Alain Lambert
12 octobre 2013
Florin Ludovic (direction), Carla Bley, l'inattendu-e. « Jazz land », Naïve livres, Paris 2013 [160 p. ; ISBN 978-2-35021-348-4 ; 28 €]. — Pantincruel, Murmures, Petit Label 038. — « Pan Festival » IMEC Abbaye d'Ardenne Saint-Germain-la-Blanche-Herbe
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