Gumplowicz Philippe, Les Résonances de l'ombre : Musique et identités : de Wagner au jazz. Fayard, Paris 2012 [225 p. ; ISBN 978-2-213-66207-7 ; 22 €].
Il n'est pas de groupe humain sans musiques : hymnes nationaux, chansons militantes, refrains générationnels attisent les émois individuels, exaltent les identités collectives, consolident une mémoire commune.
Cet ouvrage invite à un parcours à travers les usages et mésusages historiques et littéraires de la musique (Barrés, Proust, Kundera). Il s'interroge sur la force d'attraction des musiques qui scellent le sentiment d'appartenance de l'individu à un groupe.
Livre d'histoire par la musique, Les Résonances de l'ombre montre que si la musique contribue à construire les identités, elle sert aussi à les stigmatiser (Wagner et l'influence maléfique des Juifs dans la musique) ou à les diminuer (Gobineau et ses stéréotypes sur la musique des Noirs). L'analyse du goût musical permet de repérer la montée en puissance d'un triangle de plomb entre les années vingt et les années quarante : valorisation de l'origine, sacralisation du lien entre une musique, une terre, un peuple, exécration d'un ennemi qui en menace l'intégrité. A la manière dont la musique est aimée, on mesure l'imprégnation d'un fascisme culturel sur les sensibilités.
Philippe Gumplowicz, professeur de musicologie à l'Université Evry Val d'Essonne, est l'auteur des Travaux d'Orphée (Aubier, 1988) et du Roman du jazz (3 volumes, Fayard, 1992, 2000, 2008).
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Lundi 4 Mars, 2024