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Opéra de Dijon le 12 novembre 2010, par Eusebius

Brahms et Beethoven : le meilleur et le pire

Le vendredi 12 novembre 2010, l'Opéra de Dijon présentait le « Concerto pour piano no 2 » en si bémol majeur, op. 83 de Johannes Brahms, et la « Symphonie no 3 » en mi bémol majeur, op. 55 (dans l'arrangement orchestral de Mahler), avec le pianiste Nicholas Angelich, et le London Philharmonic, sous la direction de Vladimir Jurowski.

Le meilleur et le pire

Un orchestre prestigieux, un soliste renommé, deux œuvres magistrales, voilà de quoi remplir l'Auditorium…

Vendredi soir, chacun se pressait et la file d'attente aux caisses atteignait des records.

Il est vrai qu'écouter le 2e Concerto de Brahms par Nicolas Angelich était la promesse d'une soirée exaltante. Et la Symphonie « Héroïque » de Beethoven constituait un complément de choix.

L'orchestre est efficace, une belle mécanique sans défaut, mais dépourvu de caractère, aux timbres standards (correcteurs d'acidité, édulcorants, E je ne sais quoi ?). La direction s'inscrit bien dans la tradition brahmsienne. Mais, ne boudons pas notre plaisir : Nicolas Angelich s'est pleinement approprié cette œuvre monumentale. Sa maîtrise est exceptionnelle, et – par-delà la virtuosité au service de l'expression musicale – ses tempi sont justes, particulièrement dans le scherzo et dans l'andante dont l'atmosphère est si particulière. Un grand bravo à ce merveilleux pianiste, qui nous a donné un délicieux Schumann (la première des Scènes d'enfants) en bis.

Le programme précisait – et justifiait dans son commentaire – la version de l'Héroïque réorchestrée par Mahler, et non pas la version originale, à laquelle la majorité des orchestres reviennent depuis plusieurs décennies. Pourquoi pas, puisque tant de grands chefs, qui nous ont fait connaître les symphonies de Beethoven, ne connaissaient que cette version arrangée ? N'avons-nous pas écouté longtemps Haendel dans les orchestrations de Mozart ?

Dès les premières mesures, le doute s'insinuait…Une version bonne pour le Coliseum ? Ample, mais aseptisée, caricaturale, alourdie de tous les tics et poncifs du début du xxe siècle. Un Beethoven obèse, joufflu, boursoufflé, et inconsistant, voilà ce que Vladimir Jurowski nous a imposé. Une laideur, un mauvais goût inouïs, au sens propre du texte (en particulier dans la marche funèbre). Osons le terme : une trahison absolue. Car les Furtwängler, Toscanini, Klemperer, Bruno Walter et autres lisaient bien la même partition, chacun avec sa sensibilité et son talent, mais avec intelligence et goût, grandeur et distinction . Hélas donc pour cette tentative outrée, prétentieuse et totalement avortée. Pauvre Beethoven, oublions vite !

Eusebius
13 nov. 2010


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