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Caen, 23 novembre 2014, par Alain Lambert ——

Orchestre Régional de Basse-Normandie : un week-end boréal autour d'Arvo Pärt

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Week-end baltique pour l'Orchestre dans le cadre des Boréales, autour de la musique d'Arvo Pärt et de ses voisins, avant d'accompagner Jay Jay Johanson la semaine prochaine. De quoi bien occuper les musiciens en ce mois de novembre plus doux que nordique. Le premier concert, le samedi, consacré aussi à Tonu Korvits et à Cyrillus Kreek, était dirigé par Alexandra Cravero.

Le second, le dimanche, dirigé par Julien Leroy, retrouvait Pärt, bien sûr, pour le grand œuvre fondateur, comme son titre l'indique, Tabula rasa, immense concerto pour deux violons et piano préparé en carillon, en deux mouvements très différents. D'abord ce balancement chatoyant des cordes né rituellement du silence, et ses deux solistes aux violons funambules. Puis cette étrange mélopée évanescente et diffractée, comme une cantate de Bach jouée à l'envers, ponctuée de son arpège de piano descendant.

Mais de quelle table rase s'agit-il ? De la nuit nordique qui éteint tout, avant de laisser revenir un nouveau jour ? Du silence périodique, où s'arrête et reprend toute musique ? Du passé qu'il faut abolir pour redonner du sens à l'avenir ?

Les trois, le compositeur les a pratiqués, quand, suite à la censure par un régime sombre et passéiste, de sa musique d'avant-garde considérée comme décadente en Estonie communiste, il fit silence. Avant de se remettre à composer, sur le mode minimaliste, en 1977, ce dont Tabula rasa témoigne sans doute le plus fortement. Et c'est en découvrant cette œuvre un jour à la radio, que le patron du label jazz ECM la lui fit enregistrer, en même temps que Fratres, en 1984. Le compositeur put enfin sortir de la nuit estonienne et devenir l'un des plus célèbres musiciens actuels.

Peteris Vasks, un peu plus jeune, a appris le violon et la contrebasse. Dans son très bel hommage de 2001 à Pärt, Viatore, interprété pour la première fois en France, il joue continuellement de ce contraste des cordes entre l'aigu et le grave, dans les profondeurs duquel il sculpte une étonnante matière sonore, de plus en plus poignante.

Arvo PärtArvo Part, vers 2013. Photographie © Universal Edition / Eric Marinitsch.

Arvo Pärt de nouveau, avec In Spe, de 2010, plus grégorien et contemplatif, où le quintette à vent mène les cordes jusqu'à l'interruption brutale et la chute dans le silence, toujours.

Quant au final, le très beau poème symphonique Pelléas et Mélisande de Jean Sibelius, avec l'Orchestre au grand complet, aurait pu tout aussi bien être joué en préambule de cette balade baltique, pour en respecter la chronologie. Mais peut être fallait-il bien montrer que la table rase n'est pas forcément un refus des traditions passées, qu'on peut aussi s'en inspirer pour renouveler une inspiration qui s'essouffle.

Après les concerts (complets) avec  Jay-Jay Johanson et Richard Galliano, l'Orchestre finira l'année avec un programme consacré à la comédie musicale en région puis, en spectacle de noël, avec un ciné-concert jeune public le vendredi 26 décembre à Caen (17 h 00 Notre Dame de la Gloriette).

Voir toutes les infos sur le site de l'Orchestre.

plume Alain Lambert
23 novembre 2014

Biographie d'Arvo Pärt dans musicologie.org


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