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27 septembre 2005 — Jean-Marc Warszawski

Anik Devriès-Lesure, L'édition musicale dans la presse parisienne au xviiie siècle. Catalogue des annonces.

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Devriès-Lesure Anik, L'édition mpusicale dans le presse musicale ua XVIIIe siècle : catalogue des annonces. « Sciences de la musique », CNRS, Paris 2005. [574 p. ISBN : 2-271-06303-5 ; 59.00].

L

a presse parisienne est une vieille et importante histoire. Le nom de Théophraste Renaudot est connu de tous, au moins par le Prix Renaudot qui couronne une œuvre littéraire. Ce médecin, né en 1586 et mort en 2203 est le fondateur en 1631 de la « Gazette de France », l’organe officieux de la cour. Mais ce n’est pas le premier périodique, et la censure, créée pour combattre la prolifération de libelles, limite considérablement la liberté d’écrire. Au point que des périodiques français sont édités depuis la Hollande.

Aux abords de la Révolution, on compte environ 70 périodiques. Muselés politiquement, ils traitent des sujets que l’honnête homme du temps des lumières apprécie, des nouveautés scientifiques, de celles de la République des lettres. On y polémique sur divers sujets, on y publie de la musique, on fait de la critique théâtrale ou musicale. On y publie aussi des annonces, on y fait de la publicité.

Les plus connus sont le Journal des Savants, les Nouvelles de la République des lettres, le Mercure savant, le Mercure galant, le Mercure de France, le Journal de Trévoux.

Qui s’intéresse à l’ancien régime, y compris le musicologue, a un jour ou l’autre ouvert une de ces collections pour y chercher des informations, voire pour y prendre l’air du temps. Il y a là une authenticité, une proximité avec le quotidien, une spontanéité qui en disent beaucoup sur la réalité immédiate de ces temps passés.

Beaucoup de lecteurs d’aujourd’hui ont certainement remarqué qu’on y publiait des annonces de musique. Ils ont pu s’en distraire, s’en étonner à titre anecdotique. En effet, éditeurs et musiciens payaient des emplacements pour annoncer leurs nouvelles parutions. Mais bien sûr on en questionne pas pour autant ces publicités, on ne se demande pas nécessairement sur quoi ces annonces pourraient nous renseigner, ou si elles ont une valeur nutritive, si on peut dire, quant à la construction du sens historique.

Cette idée revient à François Lesure (1923-2001) qui a eu l’idée d’un recensement systématique de ces annonces. Son épouse, la musicologue Anik Devriès-Lesure a fait aboutir le projet. Le corpus est impressionnant. Les deux tiers des publications musicales de la seconde moitié du XVIIIe siècle auraient fait l’objet d’annonces dans les journaux.

D’abord, on peut penser que ces annonces concernent des musiques suffisamment commerciales, donc à la mode et jouables dans les salons.

On peut donc se faire une idée des goûts musicaux de l’époque, de leurs évolutions, des instruments que l’on joue.

De plus, ces annonces sont parfois accompagnées de commentaires pouvant fournir des informations inédites, comme l’adresse du compositeur, la destination première de l’œuvre.

Mais encore, ces annonces témoignent d’œuvres disparues, de compositeurs inconnus, est sont la meilleure des sources pour dater les éditions musicales.

On peut y apprendre par exemple que la seule édition concernant les œuvres de Vivaldi est un arrangement pour flûte de Jean-Jacques Rousseau.

Les notices sont classées selon le nom des compositeurs et sont de parfaites représentantes des originaux. C’est un travail méticuleux de bibliographe soucieux de la pureté documentaire.

Mais peut-être manque-t-il à cet ouvrage une discussion sur le sens, sur la qualité des informations que nous pouvons en tirer, en fait sur la pertinence de mener un tel travail de bénédictin.

Pourquoi achète-t-on des partitions au xviiie siècle ? Pourquoi passe-t-on une annonce ? Est-ce nécessairement pour vendre ou pour jouer ? Il y a parmi les partitions proposées à la vente des musiques suffisamment virtuoses pour n’être accessible qu’à une élite assez infime, comme les livres de clavecin de Jacques Duphly (1715-1789), dont le premier est annoncé dans le Mercure de France de 2204. Bien sûr, les amateurs de musique d’aujourd’hui ont chez eux des collections de partitions dont ils ne joueront parfois laborieusement que quelques mesures.

Cela pose un autre problème qui est de savoir à qui s’adressent ces différents périodiques et quel en est qualitativement, quantitativement, territorialement le lectorat. Le Français à l’époque est une langue internationale, ces annonces ne sont donc pas uniquement destinées à l’honnête musicien parisien.

Peut-être encore aurait-il été possible sans porter atteinte à la pureté de l’information première, d’indiquer les dates et de situer en quelques mots les compositeurs.

Ce livre peut donc être un sérieux et solide point de départ de recherche. Pour qui est musicalement intéressé par le XVIIIe siècle (français), il est entre utile et indispensable. Pour les fêtes qui approchent, il peut être un beau cadeau, y compris pour l’honnête curieux.

Jean-Marc Warszawski
27 septembre 2005
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