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Michel Rusquet, Trois siècles de musique instrumentale : un parcours découverte.III. Le temps de Bach.

La musique instrumentale de Silvius Leopold Weiss (1687-1750)

Silvius Leopold Weiss

Il appartient à une famille où on était luthiste de père en fils, et lui-même fut le dernier prince de cet instrument aristocratique, à une époque où celui-ci, passé de mode en France et en Italie, restait encore très prisé en Allemagne et dans l'est de l'Europe. À ses débuts, il servit pendant six ans en Italie, puis rentra en Allemagne où il allait faire une carrière des plus brillantes à la cour de Dresde. Sa réputation de virtuose, confirmée par des tournées prestigieuses, était considérable, mais ses contemporains, parmi lesquels un certain J.S. Bach, admiraient tout autant ses qualités de compositeur et ses dons d'improvisateur.

Pièces pour luth

Il « consacra la très grande majorité de ses œuvres à son instrument de prédilection, pour lequel il a laissé quelque six cents pièces. […] Il s'agit majoritairement de sonates et de suites, dans lesquelles Weiss introduit souvent préludes et fantaisies aux côtés de danses parfois inattendues (polonaises !) ou de caprices contrapuntiques. »1

Conservées pour l'essentiel dans deux grands manuscrits (celui dit de Londres, contenant un total de 237 pièces dont quelques duos avec flûte traversière, et celui dit de Dresde, qui réunit des œuvres plus tardives, dont les « Suonate » de la maturité), ces pièces se révèlent assez inégales et souffrent parfois du caractère répétitif de certains procédés d'écriture, ce qui peut les réduire au rang d'agréables divertissements de salon. Mais bien souvent, au-delà de la magie liée aux résonances propres de l'instrument, on trouvera dans ces pages un attirail mélodique et harmonique d'une richesse étonnante, et surtout un art de la confidence intime, voire une profondeur d'expression, qui invitent à quelques rapprochements avec Bach.

Parmi ces morceaux de choix, et pour n'en citer que quelques-uns : la sonate no 35 en re mineur, qui « est d'une ampleur et d'une richesse architecturale qui en font l'égale des Partitas de Bach, à ceci près qu'elle ne propose pas de prélude. »2 ; la très belle fantaisie en ut mineur ; les justement célèbres suites (ou sonates) L'Infidèle et Le Fameux Corsaire ; le superbe Tombeau sur la mort de Mr de Logy ; la sonate no 50 en si bémol majeur, une des dernières œuvres de Weiss et sans doute une des plus profondes ; les Partitas en re mineur et en sol majeur du manuscrit de Londres … Et il faudrait en citer bien d'autres, notamment dans les « Suonate » du manuscrit de Dresde, pour rendre pleinement justice à celui qui, tout en prononçant son chant du cygne, porta l'art du luth à son apogée.

Sonate en re mineur, Prélude, Allemande, Jose Miguel Moreno.
Tombeau sur la mort de Mr de Logy, parHopkinson Smith
Partita en re mineur, I. Fantasia – II. Allemande – III. Courante), par Hopkinson Smith.
Fantaisie en ut mineur par Nigel North
Ouverture en si bémol majeur par Nigel Nort
Sonate pour deux luths en la majeur,Mouvements I et II, par Robert Barto et Karl-Ernst Schröder

Notes

1. Piéjus Anne, , dans « Le Monde de la musique » (161), décembre 1992.

2. Macia Jean-Luc, dans « Diapason » (469), avril 2000.


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Lundi 8 Avril, 2024