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samedi 9 février 2013, par Alain Lambert

Tango Galliano pour les trente ans de l'Orchestre au Théâtre de Caen

Une folle journée au Théâtre de Caen, pour les trente ans de l'Orchestre Régional de Basse Normandie. D'abord le vendredi avec le Nosferatu de Murneau en ciné-concert, puis le samedi après-midi dans les foyers avec un trio où le violoncelliste est un invité de marque, l'enfant du pays, Christophe Coin. Le soir Tango Galliano. Enfin le dimanche Pierre et le loup avec Pierre Charial à l'orgue de barbarie. Quatre aspects de l'ex-Ensemble devenu l'Orchestre, plus crédible en petite formation de musique de chambre, l'un de ses aspects spécifiques, comme l'invitation à d'autres musiques (Richard Galliano, souvent invité, Didier Lokwood, Renaud Garcia-Fons...) ou les nombreuses actions culturelles vers le jeune public de la région.

Orchestre de Basse NormandieOrchestre régional de Basse Normandie.

L'Orchestre Régional, c'est un un moyen ensemble de 18 musiciens (cordes, flûte, hautbois, clarinette, basson, cor, piano) à géométrie variable, et avec deux chefs (Jean Derroyer et Jean-Pierre Wallez) pour s'adapter à la diversité musicale des programmes proposés. Mais c'est aussi à chaque concert un son très reconnaissable où les timbres des instruments sont mis en valeur, et jamais écrasés par la masse orchestrale. Voilà pour le contexte, revenons aux concerts du samedi.

Le soir d'abord, Richard Galliano, à l'accordéon, au bandonéon et au mélodica à boutons, est entouré des cordes et  des percussions. L'arrangement du premier morceau (Melodiccelli) est un peu chargé. Mais c'est l'ouverture. L'Opale concerto, et les œuvres suivantes, sont habillées juste ce qu'il faut. Au cours des trois mouvements du concerto (Tango, Valse, Tango), l'accordéon virtuose dialogue avec l'Orchestre, velouté ou âpre, très rythmique dans  le célèbre New York Tango, popularisé par une série policière du vendredi soir. Puis c'est l'étourdissante Valse à Margaux qui a marqué la naissance du new-musette, cette nouvelle dimension du jazz qu'Astor Piazzola a incité    Galliano à explorer, entre musette et tango nuevo. Le dernier des quatre morceaux composés par l'accordéoniste est un tango en forme de habanera, Habanerando, magnifique transition, scandée par la harpe et le piano, vers l'univers du bandonéon et de son maître.

Richard GallianoRichard Galliano.

Le temps de changer d'instrument, sous les applaudissements, et de se laisser emporter à Buenos-Aires, durant le très beau concerto Aconcagua pour bandonéon et orchestre, dont le final met particulièrement en valeur le contraste entre la sensualité de l'instrument soliste, les pizzicati-glissandi des cordes et les roulements décalés des timbales.

Retour à l'accordéon pour une superbe improvisation en solo du Libertango de Piazzola.

Pourquoi tant de musiciens alors ?

Pour donner une ampleur chatoyante à la fragile lamentation d'Oblivion, jouée au mélodica. Et pulser l'accordéon, en rappel, pour la reprise énergique du New York Tango, le dernier mouvement de l'Opale concerto. Ce que l'Orchestre, dirigé par Jean Derroyer, a fort bien fait pendant cet émouvant moment dédié à la musique populaire et à la nostalgie créatrice.

Le concert de l'après midi, plus intimiste, malgré la foule des foyers et la chaleur, avait donné à entendre le trio n°1 pour cordes et piano de Brahms, mais surtout le superbe trio à l'Archiduc de Beethoven, où les instruments chantent, s'écoutent et se répondent sans excès ni temps morts, grâce au grand talent des instrumentistes : Francine Trachier, violon, Jeanne-Marie Golse, piano, et l'invité, Christophe Coin, au violoncelle.

Christophe CoinChristophe Coin

Le dimanche, c'est la fête aux parents aussi, car les deux récitants de Pierre et le loup de Prokofiev sont Olivier Morel (le bas normand) et Olivier Saladin (le haut normand) qui racontent et commentent façon Deschiens réunifiés, avec l'Orchestre réduit  aux cuivres, vents et percussions, dirigé par Jean Pierre Wallez.

Un moment d'anthologie : l'interview, en introduction, de Pierre Charial à qui les deux phénomènes font les questions et réponses, sans qu'il ne puisse piper mot, à propos de son instrument original. En fait, son orgue de barbarie, qui fait swinguer en beauté le conte, remplace les cordes et joue le rôle de Pierre. Olivier Morel nous explique que c'est la faute à la crise, et aux Arts Florissants, l'ogre à subventions de la région ! Rires des parents, et des enfants !

Pierre CharialPierre Charial

Une fois les bougies soufflées, la musique continue !  (Voir le site de l'Orchestre Régional)

L'Orchestre Régional de Basse Normandie

Alain Lambert
samedi 9 février 2013


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