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Caen, 7 janvier 2014, par Alain Lambert ——

Vivaldi au Paradis ! « Viva Vivaldi » les Musiciens du Paradis avec Damien Guillon

Un grand moment de musique, ce Viva Vivaldi par six musiciens du Paradis. [Voir notre chronique sur Vénus et Adonis, leur précédente prestation au Théâtre de Caen] [aujourd'hui en dévédé].

L'essence de l'orchestre vivaldien : deux violons, Marie Rouquié et Gabriel Grosbard, un alto, Jérôme van Waerbeke, un violoncelle, Pauline Buet, une contrebasse, Mathieu Serrano, et un clavecin, Yoann Moulin. Ou un orgue, joué par ce dernier, pour les deux pièces de musique sacrée, le Stabat Mater et le Nisi Dominus. Et la voix de Damien Guillon.

Pauline BuetPauline Buet.

Du côté de la musique profane, trois concertos, deux pour cordes et le très beau Concerto pour violoncelle RV 416, où l'instrument, est mis en valeur à la fois par la virtuosité des deux mouvements allègres, mais surtout, dans le second, par la longue méditation, accompagnée du seul  clavecin, qui annonce celles de Bach.

Un accordage à reprendre à chaque morceau, mais le son est baroque à souhait, et les musiciens vifs et heureux de jouer, à tel point que l'altiste ne peut s'empêcher d'esquisser des pas de danse.

Damien GuillonDamien Guillon.

Quant aux deux pièces religieuses, si elles nous invitent au mystère, c'est d'abord à celui de la voix. Dont Dominique Fernandez faisait l'hypothèse qu'en musique, il est de dépasser la différence des sexes, en arrivant, à certaines périodes, à les subvertir, sur le modèle de la voix des enfants, grâce aux castrats, puis aux contre-ténors. Gilles Deleuze, dans son cour de Vincennes en mars 1977 y voyait la déterritorialisation à l'œuvre, l'un de ses concepts fétiches, en oubliant que toutes les voix classiques chantent au dessus ou au dessous de leur registre parlé, et sont donc elles aussi déterritorialisées.

Alors pourquoi cette fluidité et cette limpidité des voix de haute-contre comme celle de Damien Guillon, qui nous semble si naturelle, magnifiée par toutes les trouvailles instrumentales, graves ou joyeuses, proposées par Vivaldi ? Un retour à l'innocence des anges, sans doute, pour l'époque. Et aussi au paradis perdu des androgynes platoniciens du Banquet, qui, punis par les dieux pour leur arrogance, se sont retrouvés scindés en deux moitiés, une masculine et une féminine, chacune toujours en quête de l'autre.

Longue vie donc aux Musiciens du Paradis, dirigés par Damien Guillon, qui nous permettent d'y accéder par la musique au moins de notre vivant.

Pour la saison hors les murs du Théâtre de Caen, à noter aussi, l'intégrale des sonates pour violon de Bach par David Grimal les 11 et 12 janvier, à la Gloriette encore.

À noter aussi un changement concernant le concert de musique du monde du 25 janvier  (17h auditorium de l'Esam) avec un duo électro-folk franco coréen, le Projet Electro Gomungo.

Toutes les précisions sur le site du théâtre.

plume Alain Lambert
7 janvier 2014

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