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Dijon, Auditorium, 19 mars 2014, par Eusebius ——

Wilhem Latchoumia, admirable !

Wilhem Latchoumia Laetitia PerbetWilhem Latchoumia. Photographie © Laetitia Perbet.

Fasciné par la création contemporaine dont il est l'un des plus grands interprètes, sinon le plus remarquable, Wilhem Latchoumia nous avait aussi fait découvrir le passionnant répertoire de l'Amérique latine. A peine sorti du jury du concours d'Orléans dont il fut le brillant lauréat en 2006, il a repris son bâton de pèlerin avec un programme Wagner, qu'il a illustré il y a quelques mois par un splendide enregistrement*.

Programme un peu iconoclaste, tout comme son interprète : si l'œuvre de Wagner a donné lieu à une foule de transcriptions, paraphrases, pots-pourris et autres variations, son œuvre pianistique demeure peu fréquentée, marginale aussi, il faut bien en convenir. Sa Fantaisie en fa dièse mineur (1831), où l'influence de Beethoven et de Spohr est perceptible, porte déjà la marque du Wagner à venir. L'écriture lyrique, avec ses récitatifs, ses tempi variés, ses contrastes est prémonitoire du génie de son auteur. L'interprétation qu'en donne Wilhem Lachtchoumia est fascinante par cette dimension dramatique, ouvertement romantique, d'une maîtrise absolue. L'Élégie en la bémol majeur, commencée en 1858 et achevée plus de vingt ans après, porte au contraire la marque de Tristan, dont elle est contemporaine. Le souffle en est le même, les tensions harmoniques, le chromatisme, tout est là. Autour de ces deux pièces le programme proposait deux transcriptions de Liszt (Rienzi, et surtout La mort d'Isolde, chef d'œuvre absolu), une d'Alfred Jaëll (l'époux de Marie), antérieure à celle de Liszt, et d'une écriture pianistique non moins remarquable, enfin deux ayant La Walkyrie pour thème.  Louis Brassin, élève belge de Moscheles, nous laisse une chevauchée haute en couleur, et Hugo Wolf, dont on ne connaît généralement que les lieder, dans une ample page symphonique, témoigne son admiration pour son maître.

Riche et original programme dont on sort extasié. Prodigieux pianiste que Wilhem Latchoumia, sans doute le plus complet et le plus doué de sa génération : une maîtrise exceptionnelle, la sensibilité et la force expressive, la variété des touchers et des couleurs, la clarté de la construction, la conduite des polyphonies les plus complexes, et le chant, toujours. Un très grand moment dont témoigne l'attention d'un public captivé : pas un éternuement, des silences imposants après chaque pièce, et des acclamations soutenues. La suprême aisance de Wilhem Latchoumia, son exigence aussi donnent force et beauté à tout ce qu'il joue : à bientôt, espérons-nous.  

plume Eusebius
20, mars 2014

* Ses enregistrements sont aussi rares qu'originaux, distillés au compte-gouttes, mais d'une perfection rarement atteinte en ces temps d'abondance discographique.


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