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Michel Rusquet, Trois siècles de musique instrumentale : un parcours découverte —— La musique instrumentale de Beethoven à Schubert.

Ouvertures symphoniques et musiques de scène de Franz Schubert

Symphonies nos 1 (D 82), 2 (D 125) et 3 (D 200) ; no 4, « Tragique », D 417 ; no 5, D 485 ; no 6, D 589 ; no 8, « Inachevée », D 759 : no 9, en ut majeur, D 944 : ébauches ; ouvertures.

De 1811 à 1823, une bonne quinzaine d’ouvertures jalonne la vie créatrice de Schubert. Tantôt écrites pour la scène, notamment en introduction à ses propres opéras, tantôt conçues comme des ouvertures pour orchestre, ces œuvres pour la plupart bien négligées mériteraient peut-être un meilleur sort. Dans leur inspiration comme dans leur écriture, dans leur orchestration comme dans leur climat général, elles nous révèlent en tout cas, et parfois très tôt, certaines des qualités du Schubert symphoniste. Dès les premières ouvertures, on est par exemple frappé par l’importance donnée aux instruments à vent (avec déjà trois trombones !) et par l’habileté déployée dans leur utilisation.

Parmi les plus intéressantes, citons, s’agissant des « Ouvertures pour orchestre », celle en majeur D 556, celle, dite « italienne », en majeur, D 590, et celle, dite également « italienne », en ut majeur, D591, et plus encore, surtout pour son souffle épique, l’ouverture en mi mineur, D 648.

Parmi celles destinées à la scène, la palme revient à l’ouverture de Die Zauberharfe, « la Harpe enchantée », D 644, désormais plus connue sous le nom d’Ouverture de Rosamunde, et à l’Ouverture d’Alfonso ed Estrella, D 732, qui conjugue agréablement charme mélodique et efficacité dramatique. Mais les plus curieux ne dédaigneront pas de remonter le temps en direction de la très imaginative ouverture D 84, écrite vers 1813-1814 , pour Des Teufels Lustschloss.

Franz Schubert, Ouverture en mi mineur, D 648, par la Prague Sinfonia, sous la direction de Christian Benda.

 

Franz Schubert, Ouverture de Rosamunde, par le Wiener Philharmoniker, sous la direction de Riccardo Muti.

 

Franz Schubert, Ouverture d’Alfonso ed Estrella, par la Staatskapelle Berlin, sous la direction d'Otmar Suitner.

Rosamunde, D 797, opus 26

En 1823, Schubert accepta d’écrire une musique de scène pour accompagner une pièce de Helmina von Chézy intitulée Rosamunde, princesse de Chypre, grand drame romantique en quatre actes. Cette musique, qui fut mieux accueillie que la pièce elle-même, se compose de dix numéros, dont quatre (les nos 4, 5, 8 et 9) font appel aux voix. Le musicien n’ayant rien prévu (sans doute faute de temps) à titre d’ouverture, l’usage s’est établi de faire précéder les exécutions par la belle ouverture de la Harpe enchantée, ces exécutions se limitant le plus souvent à quelques-uns des six numéros purement orchestraux. Sont ainsi particulièrement en vue le premier entracte (allegro molto moderato), page sombre et éminemment romantique ; le troisième entracte (andantino en si bémol majeur), morceau d’autant plus connu et populaire que son thème fut repris par Schubert dans l’andante du quatuor en la mineur, D 804, et dans l’Impromptu pour piano D 935 no 3 ; et la dernière pièce (second ballet, andantino en sol majeur), presque aussi célèbre que la précédente. Mais cette bonne heure de musique « mériterait d’être mieux connue dans son intégralité, tant elle est significative du génie de Schubert. Par son orchestration et sa richesse mélodique, tout d’abord. Mais surtout par sa simplicité et sa poésie rêveuse, débordantes de tendresse. »134  « Jamais l’orchestre de Schubert n’a été si souple, ni si chatoyant, ni par moments si profondément romantique, que dans la présente œuvre, si ce n’est dans la symphonie en si mineur à laquelle la musique de scène de Rosamunde est du reste étroitement liée. »135

Franz Schubert, Rosamunde, Premier entracte, allegro molto moderato, par le Royal Concertgebouw Orchestra, sous la direction de George Szell.

 

Franz Schubert, Rosamunde, Troisième entracte, andantino, par le Chamber Orchestra of Europe, sous la direction de Claudio Abbado.

 

Franz Schubert, Rosamunde, Second ballet, andantino, par le Royal Concertgebouw Orchestra, sous la direction de George Szell.

 

plumeMichel Rusquet
17 mai 2020

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Notes

134. Parouty Michel, dans Tranchefort François-René (dir.), « Guide de la musique symphonique », Fayard, Paris 2002, p. 699.

135. Massin Brigitte, Franz Schubert, Fayard, Paris 1977, p. 1043.

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l'œuvre symphonique de Franz Schubert

Symphonies nos 1 (D 82), 2 (D 125) et 3 (D 200).

Symphonie no 4, en ut mineur, « Tragique », D 417.

Symphonie no 5, en si bémol majeur, D 485.

Symphonie no 6, en ut majeur, D 589.

Symphonie no 8, en si mineur, « Inachevée », D 759.

Symphonie no 9, en ut majeur, D 944.

Ébauches de symphonies

Ouvertures

 


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