_____________________________ La nuit transfigurée par le Nederlands Kamerorkest à la Folle Journée de Nantes
Au programme
Ludwig van Beethoven Quatuor à codres n°11, opus 95 « Quartetto serioso », transcrit pour orchestre à cordes
par Gustav Mahler
Arnold Schönberg La Nuit Transfigurée, opus 4, transcription pour orchestre
Paul Hindemith Trauermusik pour alto solo et orchestre à cordes
dimanche 6 mars 2011
_____________________________ « Vita », Monteverdi et Scelsi, le spectacle de la violoncelliste Sonia Wieder-Atherton
La violoncelliste Sonia Wieder-Atherton offre lundi à Paris un concert singulier, qu'elle a conçu et « mis
en espace », assemblant une œuvre baroque et une composition contemporaine dans lesquelles trois violoncelles mêlent
leurs voix.
Au programme, des madrigaux de Claudio Monteverdi écrits il y a quatre siècles et une trilogie composée
il y a une cinquantaine d'années par Giacinto Scelsi, qui se répondent.
Intitulée « Vita », la vie, cette construction bâtie à partir des œuvres des deux compositeurs
italiens est, selon Sonia Wieder-Atherton, « un voyage » qui raconte les « drames » d'une existence humaine.
Elle y est accompagnée par les violoncellistes Sarah Iancu et Matthieu Lejeune.
Le concert au Théâtre des Bouffes du Nord, déjà présenté en province, sera suivi
d'une tournée à Londres et Lisbonne tandis qu'un album « Vita Monteverdi-Scelsi », identique au concert,
vient de paraître (Naïve).
« Je fais, chaque fois, des voyages », dit-elle à l'AFP. Là, « c'est l'Italie
» et « c'est
la ligne de vie d'un personnage que je raconte ». Grâce à deux compositeurs qui, selon elle, sont « les
plus grands raconteurs de vie », à travers le son.
L'un, Monteverdi, est, assure-t-elle, « obsédé par l'idée de raconter toutes les couleurs de
l'âme » tandis que l'autre, Scelsi, un homme solitaire habité par la musique, évoque dans sa trilogie
les trois âges de l'homme — jeunesse, maturité, vieillesse.
« Chacun, à sa manière, essaye de toucher ce qui lie l'être humain au cosmos
», explique-t-elle
dans sa présentation du concert.
En quête de sons depuis l'enfance, « hypnotisée » par celui du violoncelle qu'elle découvre
à neuf ans, Sonia Wieder-Atherton déroule son chant comme une histoire sans mots, venant du fond de l'âme,
plainte, cri, murmure, dans une incroyable fluidité, qui précède des ruptures proches du chaos.
« Dès que j'ai commencé le violoncelle, je savais que c'était ça qui allait remplir ma
vie », raconte-t-elle. « Je me levais aux aurores pour travailler mon violoncelle, puis j'ai arrêté
l'école », avant d'entrer au Conservatoire de Paris.
C'est à Moscou qu'elle part ensuite étudier, à l'âge de 19 ans, à l'ère de Leonid
Brejnev. « Je voulais aller là-bas parce que j'avais entendu dans le son de l'Europe de l'Est un secret que je
voulais percer », raconte-t-elle.
« Ce qui était intéressant pour moi, c'était le mélange des deux écoles (française
et russe). Mon jeu est fait de tout cela, de ces rencontres tellement riches et différentes », dit-elle.
Elle a développé ce jeu, aux sonorités inattendues, loin d'un répertoire convenu, avec notamment
ses « Chants d'Est » où elle affirme avoir, au travers des compositeurs qu'elle interprète, « exploré
ce que signifiait dans l'empire austro-hongrois s'accrocher à sa langue pour ne pas perdre son identité ».
Ses « Chants juifs », conçus sur le même principe, sont des interrogations sur le temps, la mémoire,
la transmission.
»Je ne suis pas quelqu'un qui fait les choses très vite. Je construis dans la lenteur, sachant où aboutir
»,
assure la violoncelliste. « Je n'ai pas fait dans l'efficace », ajoute-t-elle, non sans déplorer « un
changement de tempo » dans notre société qui, selon elle, « modifie les œuvres ».
dimanche 6 mars 2011
_____________________________ « Billie-Eve », troisième album d'Ayo
Pour l'attachante Ayo, la musique est un « baume » qu'elle applique avec « Billie-Eve
» (Polydor/Universal),
un troisième album baigné à la fois par l'euphorie de la maternité et de douloureux souvenirs
livrés à l'auditeur dans des textes à fleur de peau.
« La douleur, la peur sont des choses que j'ai peur de garder en moi, car ils me minent
», explique la jeune femme,
d'origine allemande et nigériane, qui évoque dans ses chansons la dépression ou l'addiction à
l'héroïne de sa mère.
« Pour moi, la musique est un baume. Et s'il est tellement puissant qu'il peut me soigner, il peut peut-être
aussi soigner d'autres personnes », dit-elle lors d'un entretien à l'AFP dans son studio parisien.
Son petit garçon Nile, 5 ans, tourne autour de la table à la recherche de caramels, tandis que sa fille
Billie-Eve, 7 mois, dort paisiblement dans son berceau.
C'est elle qui donne son nom au troisième album d'Ayo, enregistré en cinq jours à New York et publié
lundi.
« J'étais enceinte d'elle quand j'étais en studio et cela m'a rassurée. Pour moi, c'était
comme une renaissance, un début », dit la musicienne qui, pour la première fois, produit elle-même
sa musique.
Dans ce disque qui manque parfois de relief, Ayo s'éloigne de la folk-soul de ses débuts. L'interprète
de « Down on my knees » s'est essayée au reggae, au rock, s'amusant à la guitare électrique
qu'elle considère « comme un jouet ».
« Avec ce disque, c'est comme si j'avais donné naissance à la femme que je suis aujourd'hui. Je vis
davantage, je suis plus dans le moment présent », confie-t-elle.
Ayo consacre deux chansons, « I'm gonna dance » et « I can't
», aux femmes, à leurs besoins, leurs
envies, leurs contraintes.
« Les femmes doivent être plus fortes que les hommes, car nous avons des vies plus difficiles et parfois je
le ressens comme une injustice », dit Ayo.
« Nous sommes des mères, des amantes, mais parfois nous oublions de nous aimer et de faire passer notre bien-être
en premier. De même que parfois nous oublions que nous ne sommes pas obligées de jouer un rôle que veut
nous imposer la société », ajoute-t-elle.
Le sujet, sur lequel elle est intarissable, lui tient encore plus à cœur depuis la naissance de sa fille. « Parce
que je sais que je vais être un modèle pour elle », explique la musicienne.
D'une sensibilité à fleur de peau, la jeune femme a également écrit une chanson sur le drame
des migrants africains qui tentent de rallier l'Europe en bateau. Sa double nationalité nigériane et allemande
lui permet d'appréhender cette tragédie à la fois du point du vue des Européens et des Africains,
dit-elle.
« D'une façon, je blâme les deux, estime Ayo. Quand je vais dans ma famille au Nigeria, je vois qu'ils
imaginent l'Europe comme le pays des merveilles, sans se rendre compte que, même ici, les biens de consommation ne
sont pas accessibles à tout le monde ».
« D'un autre côté, si je n'avais pas eu le bon passeport (allemand, ndlr), où serais-je aujourd'hui
? Le simple fait d'être né dans un pays plutôt qu'un autre peut être une bénédiction
»,
ajoute-t-elle.
Sur ce sujet comme sur d'autres, la musicienne avoue avoir davantage de questions que de réponses.
Sur le titre « How many people ? » la chanteuse, qui s'est engagée auprès de l'Unicef, évoque
le fossé entre les bonnes intentions et l'action.
« J'y parle d'abord de moi. J'adorerais changer le monde, mais combien de temps j'y consacre réellement ? Et
par où commencer ? », s'interroge-t-elle.
dimanche 6 mars 2011
_____________________________ Le monde enchanté de Jean-Michel Othoniel, Peter Pan de l'art contemporain
Il y présente le « Petit théâtre de Peau d'Ane
», conçu en 2004 à partir de
petites marionnettes réalisées par Pierre Loti, protégées par une « ménagerie de verre
».
Ainsi qu'un grand mur couvert de colliers en verre. « Les deux pièces les plus importantes de l'exposition
»,
selon l'artiste.
Artiste à la sensibilité à fleur de peau, Jean-Michel Othoniel crée avec ses perles de verre
un monde enchanté où le merveilleux aide à s'abstraire des blessures de la vie. Le Centre Pompidou lui
offre une belle rétrospective jusqu'au 23 mai.
A 47 ans, Othoniel garde une allure juvénile. Le petit garçon de Saint-Etienne, qui a découvert l'art
contemporain dans le musée de cette ville, n'est pas si loin.
Pour l'artiste, l'exposition, qui comprend plus de 80 œuvres, « commence vraiment
» à la Galerie des enfants
du Centre Pompidou, autour de l'idée de « l'émerveillement ».
Il y présente le « Petit théâtre de Peau d'Ane
», conçu en 2004 à partir de
petites marionnettes réalisées par Pierre Loti, protégées par une « ménagerie de verre
».
Ainsi qu'un grand mur couvert de colliers en verre. « Les deux pièces les plus importantes de l'exposition
»,
selon l'artiste.
Intitulée « My way », la rétrospective retrace l'itinéraire solitaire du plasticien qui étudie
aux Beaux-Arts de Cergy-Pontoise, une « école pilote » où interviennent alors Annette Messager, Christian
Boltanski et Sophie Calle.
Les blessures secrètes arrivent tôt. « Autoportrait en robe de prêtre
», photographie de 1986,
« cache une histoire personnelle dramatique, une histoire d'amour tragique » qui scelle son destin d'artiste, souligne
Catherine Grenier, commissaire de l'exposition.
Othoniel a 18 ans au début des années 1980. « Ma génération a été très
marquée par le sida, qui a décimé mes proches », déclare l'artiste. La perte et « la
reconquête d'un monde meilleur à travers la poésie vont constituer toute la ligne de mon travail »,
explique-t-il.
L'œuvre d'Othoniel parle d'absence et de métamorphose. L'artiste, qui se sent « papillon
», a gardé
de son enfance une âme de « petit chimiste ». Il joue sur les matériaux comme le soufre - si proche
du mot souffrance -, le phosphore, la cire.
Pendant quinze ans, Othoniel voyage beaucoup: « Il y a cette idée de fuir le monde, d'être toujours ailleurs
».
L'exposition fait resurgir des œuvres peu connues ou oubliées de l'artiste, qui permettent de comprendre le cheminement
d'Othoniel, ses tourments et sa démarche volontariste vers le réenchantement.
« Othoniel est l'un des seuls artistes français à travailler sur la question du genre
», souligne
Catherine Grenier, qui signe le livre de l'exposition. Ses sculptures sont du côté de « l'indétermination
sexuelle ». « On est entre deux règnes, féminin et masculin, mais aussi animal et humain, minéral
et végétal », souligne la commissaire. Ambivalence et ambiguïté sont centrales dans son œuvre.
Dans les années 1990, Othoniel découvre l'obsidienne, verre naturel noir, d'origine volcanique. Il se met
à travailler avec les verriers de Murano. Les grands colliers apparaissent.
En 1996, alors qu'il est pensionnaire à la Villa Médicis à Rome, Othoniel remporte un concours lancé
par la RATP pour la bouche de métro au Palais-Royal à Paris. Controversé, « le kiosque des noctambules
»,
en verre multicolore de Murano, est inauguré quatre ans plus tard et immédiatement adopté par les Parisiens
et les touristes, alors qu'une partie du milieu de l'art se montre moins enthousiaste.
Ses œuvres deviennent monumentales. « Le bateau de larmes » (2004), esquif de réfugiés cubains
orné d'un dais de verre coloré, conjugue la fantaisie et la souffrance. « Cette œuvre montre la part d'ombre
dans mon travail. Pour moi, le merveilleux devient de plus en plus important. Mais il ne peut exister que parce qu'il y a
le côté monstrueux », souligne l'artiste.
« C'est le bateau de Peter Pan qui s'envole, qui nous emmène ailleurs
», se prend-il à rêver.
dimanche 6 mars 2011
_____________________________ Squats artistiques : la reconnaissance sur le fil du rasoir
Une trentaine d'artistes, permanents et résidents (invités pour quelques mois) travaillent dans les 1.500
m2 rachetés par la Ville de Paris. Charge aux occupants d'en assurer la gestion et l'autofinancement, condition sine
qua non du renouvellement du contrat.
Les squats artistiques, espaces vides hors-la-loi occupés pour y créer, sont de plus en plus souvent légalisés
par les pouvoirs publics: une reconnaissance de fait de la culture alternative et de la création contemporaine qu'ils
incarnent, sur le fil du rasoir.
Sur « 25 squats » recensés à Paris et en région parisienne, qui concentre la moitié
des quelque 45.000 artistes plasticiens vivant en France, une douzaine ont un statut légal grâce à des
« conventions d'occupation », explique à l'AFP Delphine Terlizi, membre de l'Intersquat Paris, leur « fédération
».
Sous l'égide du maire PS Bertrand Delanoë, la ville de Paris a investi 11 millions d'euros pour soutenir la
création dans les squats, après avoir examiné les dossiers « au cas par cas ». Parce qu'il est
« nécessaire de laisser la nature en friche pour qu'apparaissent des plantes rares », dit Christophe Girard,
adjoint PS à la culture, en charge du dossier.
Les visiteurs qui entrent au 59 Rivoli n'en croient souvent pas leurs yeux: sur quatre étages, peintres, sculpteurs
et plasticiens sont à l'œuvre six jours sur sept, dans des ateliers multicolores et protéiformes. Ruche artistique
installée depuis 1999 dans un ancien bâtiment du Crédit Lyonnais, c'est aujourd'hui un lieu d'art contemporain
prisé du grand public.
Une trentaine d'artistes, permanents et résidents (invités pour quelques mois) travaillent dans les 1.500
m2 rachetés par la Ville de Paris. Charge aux occupants d'en assurer la gestion et l'autofinancement, condition sine
qua non du renouvellement du contrat.
« C'est un espace où les choses s'inventent au quotidien. Une autre manière d'accéder à
l'art ni sacrée, comme dans les musées, ni marchande, comme dans les galeries », commente Gaspard Delanoë
(non apparenté au maire de Paris), président de l'association 59 Rivoli et « historique » des squats.
Un résultat qui s'explique aussi parce que le monde des squats a changé en 20 ans: « du mélange
paroxystique et anarchique des années 90 sont nés plusieurs collectifs, animés par le désir de
vivre l'art autrement, prêts à dialoguer avec les institutions », explique Julien Caumer du « laboratoire
de la création », premier squat conventionné en 2005, à l'ancien emplacement du consulat d'Andorre,
dans le 1er arrondissement de Paris.
« On est passé du statut d'occupants sans droits ni titres, à celui d'occupants en contrat précaire
et révocable. Mais les pouvoirs publics ont compris que les artistes du monde des squats étaient des acteurs
incontournables de l'art contemporain », ajoute-t-il.
Pérennisée depuis un an dans un bâtiment du ministère des finances, la Petite Rockette accueille
des artistes, mais aussi des personnes en grande précarité. Son projet repose sur deux axes: social, en partenariat
avec notamment Médecins du Monde, et culturel. Il réunit artistes et résidents, riverains et professeurs.
« Il n'y a pas de règlement à proprement parler, mais les règles définies par tous sont
respectées. Il n'y a pas de critères de sélection », explique à l'AFP Dimitri Callens, chargé
de l'administration.
Un principe appliqué avec succès au 103 rue de Turenne, squat sauvage du Marais. Cet ancien magasin est
occupé depuis fin octobre par une quinzaine d'artistes qui l'ont transformé en galerie d'art.
Mais selon la procédure désormais « classique », après un procès pour occupation illégale,
ils sont menacés d'expulsion, explique Zeddazed, artiste-squatteur. « Il a été demandé au
préfet de surseoir à sa décision en attendant l'examen du dossier », assure M. Girard.
dimanche 6 mars 2011
_____________________________ Manifestants contre les coupes dans le budget de la budgétaires dans la culture à Rome
Des manifestants ont formé une chaîne autour du Colisée à Rome samedi pour « embrasser
»
le célèbre monument et protester ainsi contre les coupes dans le budget de la Culture prévues par le
gouvernement de droite de Silvio Berlusconi.
En se donnant le bras, des étudiants, des retraités et des enfants ont entouré l'ancienne arène
des gladiateurs dans un mouvement baptisé « Embrassons la culture », qui a vu des rassemblements semblables
sur d'autres lieux culturels du pays, comme par exemple un site de pierres préhistoriques dans la région de
Basilicata.
Les manifestants entendaient aussi protester contre le piètre entretien des monuments historiques majeurs qui font
la renommée de l'Italie.
« La bataille pour la culture est une bataille pour la liberté
», a déclaré à la presse
à Rome Susanna Camusso, secrétaire générale de la CGIL, le plus grand syndicat italien qui a
aidé à organiser ce mouvement de protestation.
« La politique du gouvernement consiste à couper le budget des instruments qui nous permettent d'avoir notre
propre opinion. Défendre la culture, cela veut dire que nous voulons un pays libre, démocratique, qui permette
une participation » des citoyens, a-t-elle expliqué.
Les rassemblements de samedi étaient les derniers de toute une série dans un mouvement de protestation engagé
l'été dernier quand le gouvernement a annoncé son intention de procéder à des coupes de
280 millions d'euros sur trois ans dans les budgets de la Culture.
Parlant des manifestants, Mme Camusso a souligné qu'il s'agissait « d'une autre Italie, d'un pays qui défend
la Constitution, le travail et la dignité des femmes », en référence aux affaires concernant Silvio
Berlusconi, poursuivi pour fraude fiscale, corruption de témoin, abus de pouvoir et prostitution de mineure.