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Actualités musicales

jeudi 28 août 2014

 

Musique de chambre à Giverny : Smetana, Dvořák et Fibich

 

L'église de Giverny était à nouveau bondée hier soir...

 

Antonín Dvořák (1841-1804), Humoresque no 7 en sol bémol majeur

Extrait de 8 Humoresques pour orchestre opus 101 (b 187), composées en août 1894. Arrangement en sol majeur pour trio avec piano de R. Denwood.

Michal Kajetan Bielenia (violon), Michel Strauss (violoncelle), Jean-Claude Vanden Eynden (piano).

De l'automne 1892 jusqu'au printemps 1895, Antonín Dvořák est directeur artistique et professeur de composition au Conservatoire national de musique de New York. Il est chargé d'impulser la création d'une esthétique musicale américaine. L'opus 101 appartient à cette époque. De forme ABA-C-AB, cette pièce exquise intercale un motif sautillant qui peut en effet évoquer une danse irlandaise, style qui irradie la musique populaire nord-américaine, et un second motif plus chantant aux accents viennois, avec un épisode en mineur d'un grand lyrisme à l'accentuation slave, avant la reprise des deux motifs initiaux. Le tout est verrouillé par un travail judicieux (ou une heureuse inspiration) quant à la cohérence du matériau thématique, servi avec un sens parfait tant de la forme que de l'équilibre, et le sourire chromatique de trois cadences blusies.

« Humoresque », fait partie de ces titres prisés par les compositeurs du XIXe siècle se libérant du formalisme classique, en imitant des pratiques littéraires comme « fantaisie », « ballade », « romance sans paroles », « feuillet d'album », « poème », « élégie », « prière », etc.

Bedřich Smetana (1824-1884), Quatuor à cordes no 1 en mi bémol mineur, « Z mého života » (De ma vie)

Composé entre octobre et décembre 1876, créé à Prague le 29 mars 1879. Allegro vivo appassionato, 2. Allegro moderato a la Polca, 3. Largo sostenuto, 4. Vivace.

Joe Puglia (1er violon), Eva Zavaro (2e violon), Hannah Shaw (alto), Hannah Collins (violoncelle).

En répétition : Joe Puglia, Eva Zavaro, Hannah Shaw, Hannah Collins.

Sans évoquer son engagement patriotique qui plomba certainement sa carrière, la vie privée de Smetana fut assez tragique. Marié en 1849, il ne lui restait plus qu'une fille dix ans plus tard, les trois autres et son épouse lui ayant été enlevées par la maladie. Puis la surdité en 1874, et peu à peu la perte de la raison. En 1876, il n'a plus abordé la musique de chambre depuis 20 ans. Ce quatuor lui est sollicité par son ancien élève Jan Ludevit Procházka (1837-1888), très actif dans la vie musicale pragoise, particulièrement au sein de la nouvelle société de musique de chambre. Smetana a laissé un succinct programme. 1er mouvement : son attachement au romantisme (ce mouvement sonne en effet schubertien), le saut de quinte descendante d'entrée (mais aussi les suivants et les battements inquiets des dessous), est l'avertissement d'un destin qu'il ne peut connaître alors, le mi aigu tenu en final représente l'acouphène annonciateur de la surdité. 2e mouvement : Quasi polka du temps de sa jeunesse, quand il composait des danses et qu'il était lui-même un danseur admiré. La phrase centrale est en bémol majeur, tonalité tenue pour injouable par les interprètes qui la disent peu apte à faire résonner pleinement les accords, représente la longue période durant laquelle il fréquenta l'aristocratie. 3e mouvement : en souvenir de la première jeune fille qu'il aima et qui devint sa femme (Kateřina Kolářová). Quatrième mouvement : Le rappel des éléments de la musique nationale, le bonheur d'avoir suivi ce chemin, jusqu'à la catastrophe de la surdité, l'espoir d'une amélioration, enfin, à la pensée des premiers pas de sa carrière, encore un sentiment douloureux.

Bedřich Smetana (1824-1884), Vltava (la Moldava)

Composée en 1875, créée à Prague le 4 avril 1875. No 2 d'un cycle de 6 poèmes symphoniques, Má vlast (Ma patrie), composé entre 1874 et 1879. Arrangement pour clarinette, quatuor à cordes et piano par Nigji Sanges.

Eva Zavaro (1er) violon), Kaja Nowak (2e violon), Andriy Viytovych (alto), Hannah Collins (violoncelle), Yun-Yang Lee (piano), James Campbell (clarinette).

James CampbellJames Campbell à Giverny.

La laa, la laa, la laa, laa, la, la, laaa … le tube ! Pas de secret, Smetana suit simplement le cours de la Vltava, fleuve si imprononçable pour nous qu'on dit « Moldava ».

Zdeněk Fibich (1850-1900), Quintette en majeur, opus 42 pour clarinette, cor, violon, violoncelle et piano.

Composé en 1893. I. Allegro non tanto, II. Largo, III. Scherzo : Avec humour sauvage, Trio 1 (Meno moso), Con fuoco e feroce, Trio 2 (Allegreto Vivace), Con fueco et feroce, IIII. Finale, Allegro con spirito.

Mirka Šćepanović (violon), Andriy Viytovych (alto), Amir Eldan (violoncelle), Jean Claude Vanden Eynden (piano), James Campbell (clarinette), Nicolas Ramez (cor).

Nicolas RamezNicolas Ramez à Giverny.

Tout va bien pour le jeune Zdeněk Fibich, entre un père chef forestier et une mère viennoise qui lui enseigne, comme à sa sœur Marie, les premiers rudiments du jeu pianistique. Lycée à Vienne, puis à Prague, études musicales dans un institut privé. De 1865 à 1867, il intègre de Conservatoire de Leipzig, créé depuis peu par Felix Mendelssohn. Il y suit les cours de deux sommités : Ignaz Moscheles pour le piano et Ernst Friedrich Richter pour la théorie. Il se marie en février 1873, son épouse décède en octobre. Il se remarie en 1875 avec une de ses belles-sœurs, mais surtout il noue à partir de 1892, une relation amoureuse avec Anežka Schulzová, une de ses élèves qui deviendra la librettiste de ses opéras. Beaucoup de ses œuvres sont inspirées par cette passion, notamment un journal intime pianistique, « Réflexions, impressions et souvenirs », dans lequel il décrit cet amour, y compris l'érotisme, en 376 courtes pièces pour piano, dont des thèmes apparaissent dans ce quintette, à l'assemblage instrumental rare (arrangé pour piano à 4 mains par Anežka Schulzová en 1896). Si la musique de Smetana est devenue tchèque contre Wagner, celle de Dvořák avec Brahms, celle de Fibich est sans complexe dans l'héritage de Schumann et Mendelssohn, notamment par la prégnance de la mélodie romancée, même dans les épisodes pulsés comme le premier mouvement. Les voix sont concertantes (les motifs circulent entre elles), de beaux effets de timbre complètent l'invention mélodique. Très beau largo chantant dans sa sérénité, un éveil quelque peu hésitant, un lent épanouissement pour finir dans un tutti choral extasié. Puis c'est la fête, le cor flirt un temps avec le violon, ça danse encore, ça farandole, la clarinette esquisse quelques pas avec le violoncelle… Au final, que la vie est belle quand on est amoureux. Enfin on le voit comme ça !

Andriy ViytovychAndriy Viytovych à Giverny.

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