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Par Clara Marin Urrego, 2012.

Les mélodies d'Henri Sauguet sur des textes de Jean Cocteau

La recherche d'un idéal artistique commun réunissait les artistes de l'époque de  l'entre-deux guerres. Ils se retrouvaient dans un esprit de partage, ce qui donna lieu à la création d'œuvres où les arts plastiques, la musique et la poésie se rencontraient.

L'un des artistes qui  contribua le plus à ce type de collaborations interdisciplinaires fut Jean Cocteau. En effet, le poète était lui-même un artiste polyvalent : il passait de l'écriture au dessin ou à la peinture de la façon la plus naturelle. Tout moyen artistique lui servait pour exprimer ses idées : selon la pensée du poète, les barrières entre les différents arts devaient disparaître. Cet esprit d'ouverture permettait à Cocteau de collaborer avec les musiciens de son époque et de mettre en pratique ses idées sur la musique, art qu'il ne maîtrisait pas mais qu'il connaissait et appréciait profondément, grâce à son entourage familial et à ses amis musiciens.

Avec tous les membres du groupe des Six1, Cocteau participa à la composition des mélodies sur ses poèmes. Même si sa connaissance théorique de la musique était un peu juste, le poète possédait une sensibilité et une culture musicale suffisantes pour donner à ses collaborateurs musiciens des indications très précises sur la musique qu'il voulait pour accompagner ses textes.Parmi les amis musiciens de Cocteau qui travaillaient avec lui se trouvait le compositeur Henri Sauguet.

L'admiration du compositeur pour le personnage et l'œuvre de Cocteau avait commencé  bien plus tôt, quand il étudiait à Montauban avec Canteloube en 1918. Au cours d'une de ses promenades habituelles chez les libraires de cette ville, le compositeur tomba sur le Coq et l'Arlequin et sa fascination pour ce texte fut immédiate. Les idées énoncées par le poète  firent l'effet d'une révélation pour le compositeur qui cherchait à ce moment-là un mouvement esthétique auquel adhérer :

Cette suite d'aphorismes percutants aux images saisissantes, l'impertinence de ton, la mise en accusation de certaines idées reçues (« Le rossignol chante mal ») et ces nouvelles vues sur la musique […] tout cela exprimé dans une forme à raccourcis savoureux excita mon esprit2.

Cet ouvrage devint le livre de chevet du jeune compositeur,  malgré les attaques de Cocteau  contre  la musique de Debussy, compositeur que Sauguet admirait profondément.

À cette époque le compositeur découvrit les premières partitions de la musique des Six. Il se sentait proche de leur démarche esthétique malgré leur esprit d'avant-garde et l'opinion négative de Canteloube sur ce groupe de compositeurs, Cocteau et Satie. Il les choisit comme exemples à suivre en dépit de la réprobation de son maître et des mises en garde de ce dernier contre cette nouvelle esthétique.

Le premier contact entre Sauguet et  Cocteau avait eu lieu plus tôt à l'époque où Sauguet habitait Bordeaux, même si à ce moment-là le compositeur n'avait pas rencontré le poète. En suivant l'exemple des Six, Sauguet avait formé, en 1920, avec deux de ses amis, Louis Emié3 et Jean-Marcel Lizotte4, le Groupe des Trois. Ce groupe voulait faire connaître la musique nouvelle et avait organisé un concert dans lequel étaient interprétées des œuvres des Six et du Groupe des Trois. Louis Emié, qui était aussi poète, entretenait une correspondance avec les intellectuels de son époque et parmi ces correspondants figurait Jean Cocteau. Emié adressa un message au poète pour lui demander de présenter la musique des Six et celle de son nouveau Groupe des Trois. Ils organisèrent ainsi un premier concert en annonçant sur l'affiche du concert que « Monsieur Jean Cocteau  présenterait la jeune musique française »5. Le jour du concert le poète expliqua qu'il ne pouvait venir et Emié l'excusa en  racontant à ses amis et au public que Cocteau était grippé. L'annonce de la venue d'un artiste connu comme Cocteau avait cependant permis d'attirer l'attention du public sur le concert et d'avoir de bonnes critiques dans la presse, comme celle de Louis Rabat  dans le Courrier musical :

Le 12 décembre, une manifestation de plus haut intérêt a eu lieu à la salle Delmouly. Une conférence de M.  Jean Cocteau, sur « la Jeune musique française », lue par M. Georges Preveraud de Sonneville, précédait une audition de Parade à quatre mains donnée par les jeunes compositeurs, J.-M. Lizotte et H. Sauguet, qui obtint un réel succès.6

Dans  Le Ménestrel, le critique Henri Boularé souligna l'importance de l'intervention de Cocteau dans le prestige de la manifestation. Il affirma que le poète fut empêché de venir à la dernière minute. Ce concert reçut des commentaires moins enthousiastes que dans Le Courrier musical :

M. Jean Cocteau envoya néanmoins sa présentation qui fut lue par un ami de la jeune musique, après quoi les privilégiés, ceux qui étaient déjà assis, purent écouter avec intérêt et parfois avec résignation les œuvres inscrites au programme7.

Le concert eut plus de succès que prévu, la salle fut remplie et les organisateurs durent même refuser des personnes à l'entrée. Malgré sa nouveauté,  la musique jouée  reçut un bon accueil comme l'affirma aussi Louis Rabat dans son article.

Mais le discours prétendument envoyé par Cocteau n'était en fait qu'un canular monté par Louis Emié pour donner du prestige à la manifestation.  Il expliqua à  ses amis que malgré son absence, Cocteau  allait leur adresser un message. Emié affirma ensuite avoir fini par recevoir le message du poète le matin du jour du concert. Ce discours convainquit tout le monde et Sauguet et Lizotte ne remirent à aucun moment en doute sa véracité. Sauguet relata l'épisode dans ses Mémoires :

Il [Emié] avoua, en s'amusant beaucoup de notre stupeur, que le merveilleux message de l'infortuné Cocteau grippé, c'était lui tout seul qui l'avait fabrique, oh ! Avec des textes mêmes du poète, cueillis ça et là dans son œuvre8.

Emié raconta finalement la vérité à ses amis avant que Sauguet ait pu féliciter ou remercier Cocteau. Malgré ce petit mensonge, les trois amis étaient satisfaits car le concert avait eu le succès espéré. Cocteau ne se fâcha pas de cette utilisation de son nom par Sauguet et ses amis, mais était quand même un peu surpris du comportement de ces jeunes compositeurs. Il leur adressa un message très amical comme le raconta Sauguet :

[Cocteau] nous félicita et nous remercia d'avoir fait connaître à nos compatriotes les œuvres de ses jeunes amis [du groupe des Six]9.

Peu de temps après, quand il s'installa à Paris, Sauguet put connaître tous les détails de l'histoire et les raisons pour lesquelles Cocteau avait annulé sa participation au concert du Groupe de Trois :

Les quelques pages que j'avais adressées à Darius Milhaud et qu'il avait montrées à ses amis au cours d'un « samedi » avaient suscitées la colère méprisante de Georges Auric10.

En effet, Auric inspirateur du Coq et l'Arlequin et grand ami de Cocteau déconseilla à ce dernier d'attacher son nom à un groupe de compositeurs inconnus malgré le contact épistolaire que ce dernier avait avec Louis Emié.

Ensuite Sauguet intégra le cercle d'amis des Six immédiatement, grâce à son amitié avec Darius Milhaud. Même s'il manquait encore de toutes les connaissances nécessaires pour écrire de la musique, il aborda la composition musicale en écrivant des mélodies. C'est d'ailleurs grâce à l'une des premières, sur des textes de Cocteau, que le compositeur put établir le contact avec Milhaud et éveiller son intérêt, comme le raconta ce dernier :

A l'époque des samedis, Cocteau nous avait apporté quelques pièces de piano et une mélodie, Oceano Nox, qu'il [Sauguet] lui avait  envoyé de Bordeaux ; ce n'était qu'un balbutiement, mais il s'en dégageait une poésie authentique. J'entrais aussitôt en correspondance avec lui et  je l'invitais à passer quelques jours chez  moi11.

Par la suite, lors d'un séjour à Paris, en 1921, Sauguet put assister, grâce à l'invitation de Milhaud, à la création française du Pierrot lunaire que ce dernier dirigeait dans le cadre des Concerts  Jean Wiener, et à la reprise de deux ballets par la compagnie des Ballets Suédois : l'ouvrage collectif des Six et Cocteau,  Les Mariés de la Tour Eiffel et du ballet de Milhaud, L'Homme et son désir, composé sur un poème de Claudel.

Sauguet a admiré immédiatement l'univers de Milhaud et de Cocteau et a pensé que la musique de Milhaud offrait plus de nouvelles possibilités que la musique de Schoenberg. Il a trouvé cette dernière trop intellectuelle et compliquée. Sauguet ne cherchait pas à être à la mode ou à innover. L'avant-garde, promue par les Six et Cocteau, rattachée aux formes du passé lui convenait parfaitement.

Lors de sa visite, Sauguet a été présenté à plusieurs amis artistes de Milhaud, parmi lesquels figurait Cocteau. Celui-ci, malgré sa notoriété, restait quelqu'un d'accessible et amical comme le racontait Sauguet :

Il [Cocteau] cherchait à rompre distances et barrières. Mais il était si brillant, si rapide ! Il semblait répondre à vos pensées avant même que vous ayez pu les exprimer. C'était comme s'il voyait en vous-même.

Sauguet fut émerveillé par le personnage de Cocteau et par l'ambiance qui l'entourait. Il rêva un temps d'appartenir au milieu artistique des Six et ses amis mais ressentit vite qu'il n'était pas au même niveau que ces derniers et que peut-être il n'y parviendrait jamais12.

Milhaud fut très surpris d'entendre pareil raisonnement de la part de ce jeune compositeur qu'il considérait pour sa part comme très talentueux13 .

Grâce aux encouragements de Milhaud, Sauguet décida de persévérer dans son rêve de devenir compositeur. Il quitta sa ville natale de Bordeaux pour s'installer dans la capitale et prendre des leçons avec Charles Kœchlin.

À l'époque de l'entre-deux guerres les artistes étaient très ouverts et disponibles pour rencontrer de jeunes musiciens. Ainsi Sauguet  put compter sur l'amitié des Six et de Cocteau pour  démarrer dans le métier de compositeur sans aucun problème.

La collaboration de Cocteau avec les compositeurs de l'école d'Arcueil

La relation de Cocteau avec les deux groupes de compositeurs a été différente. Avec les Six cette relation fut plus proche et plus féconde que celle qu'il put entretenir avec les compositeurs de l'école d'Arcueil14. Comme l'affirme Catherine Miller15 la relation entre les Six et le poète donna naissance à plus de trente mélodies et chansons. Les Six et Cocteau partagèrent une grande amitié et une recherche artistique commune qui permit aux idées et à la musique du groupe des Six de prendre forme. En effet Cocteau prit les Six musiciens sous son aile et fut le promoteur du groupe.

Le poète n'eut pas la même proximité ni le même rôle avec l'école d'Arcueil. La relation du poète avec Sauguet et les compositeurs de l'école d'Arcueil était plus distante même si ces derniers eurent toujours une profonde admiration pour l'univers de Cocteau et écrivirent des mélodies sur des textes du poète, à l'exception de Desormière. Cette distance exista toutefois à un degré moindre  que n'a pu l'écrire Malou Haine :

Cette affirmation est discutable. Ainsi lorsque Sauguet écrivit sa première mélodie sur des poèmes de Cocteau, Océano roof en 1920,  il envoya une lettre au poète pour lui demander  son autorisation. Dans sa lettre  de réponse Cocteau permit à Sauguet d'utiliser ses poèmes tout en le faisant part des quelques réserves que les membres des Six avaient émis sur sa musique, réserves qui portaient, selon Cocteau sur des « questions de métier qui ne le regardaient pas »17.Le poète finit sa lettre en l'embrassant, ce qui émut profondément le compositeur. Sauguet noua par ailleurs une correspondance avec le poète et les membres de Six à la suite de leur première rencontre à Paris en 1922 :

Îles

Cette mélodie fut l'unique éditée de toutes les mélodies que Henri Sauguet  écrivit sur les textes de Cocteau. Comme l'affirme Malou Haine19 cette mélodie fait partie de Deux mélodies de Jean Cocteau avec Miroir des sports, qui initialement  avait pour titre Tour de France. Cet auteur dit aussi que ces mélodies furent composées à Bordeaux entre 1921 et 1922. Elles ont été remaniées en 1925 et dédiées aux amis de Sauguet. Plus précisément Iles,  fut dédiée à Germaine Copperie, pianiste et ami du compositeur, et Miroirs des sports  à Gaëtan Fouquet, ami proche du compositeur.

La deuxième de ces mélodies, Miroir des sports,  fut créée à Paris, au Collège de France, le 11 juin 1923 par Jane Bathori et Marcelle Meyer au piano, pour le premier concert de l'école d'Arcueil. Cette séance fut introduite par Satie qui prononça un discours faisant l'éloge de la jeunesse. Ce concert fut la première occasion où Sauguet put faire entendre ses œuvres dans la capitale. Les Deux mélodies, chantées ensemble sous forme de cycle, furent créés à Paris, au Théâtre de l'atelier, le 21 mars 1925 par Suzanne Peignot accompagnée au piano par Germaine Copperie Iles resta inédit du vivant du compositeur. Il a fallu attendre 1992 pour que cette mélodie soit enfin éditée par Salabert dans le recueil Mélodies et chansons. Florilège poétique pour voix et piano d'Henri Sauguet. Miroir des sports reste quant à elle inédite et peu connue. Nous pouvons néanmoins avoir une idée de sa qualité grâce au compte rendu publié dans Le Courrier musical du premier concert de l'école d'Arcueil en 1923 où Miroir de sports fut interprétée :

[Mme Bathori] chanta ensuite des mélodies de H. Sauguet, très sincères dans leur impressionnisme hardi20.

Comme l'a expliqué Malou Haine21, Sauguet rassembla Iles, Tour de France et Océano Roof,  sous le titre de Trois Poésies de Jean Cocteau. Cet auteur a aussi affirmé que le poème d'Iles fut mis en musique quatre fois, autre Sauguet par Maria Pia Cafagna, Georges Van Parys, Jean-Michel Piton, Raymond Fol.

Le texte

Sauguet et les Six se servaient de textes plus simples que ceux des mélodistes de la fin du  xixe dans l'intention d'alléger le climat de sévérité qui entourait la mélodie et de rendre ce genre moins aristocratique. Ces musiciens voulaient apporter à la mélodie de nouveaux ingrédients comme l'humour pour la rapprocher d'un public plus populaire. Dans cette optique, ils utilisaient une musique à l'air familier, jouaient avec les mots, et choisissaient  des textes plus gracieux que profonds :

[Le] choix textuels [ceux de Six] sont parfois cosmopolites, comme le sont ceux de Sauguet qui emprunte ses textes aussi bien à Schiller, à Shakespeare, à Jammes, à Swinburne, à Jean-Paul, à Rilke, à Heine, à Hölderlin ou à Tagore qu'aux poètes français22.

Cocteau participa, à travers ses textes et sa collaboration musicale avec Sauguet et les Six, à cette recherche de simplicité. Le poète appliqua à la mélodie toutes les idées sur la musique qu'il avait exposées dans le Coq et l'Arlequin et donna un nouvel élan à ce genre.

Le texte d'Iles fait partie du recueil Poésies de Cocteau publié en mai 1920. Sauguet utilisa plusieurs textes de ce recueil. Ce texte reflète l'univers de Cocteau plein d'imagination et de drôlerie. Voici le poème mis en musique par Sauguet :

Îles

A Palma de Majorque
Tout le monde est heureux
On mange dans la rue
Des sorbets de citron

Des fiacres plus jolis
Que de violoncelles
Vous attendent au port
Pour vous mettre à l'hôtel

Racontez-moi encore
Palme de Baléares
Je ne connais qu'une île
Au milieu de la Marne

Elle est petite en tôle
Comme un tir de foire
Mon cœur est l'œuf qui danse
Sur l'haut du jet d'eau

Monsieur le photographe
Un oiseau va sortir
La noce qui s'embarque
Je reste seul et sauvage

Marquises Carolines
Votre nom sur la carte
Grave le mien dans l'arbre
Près de la balançoire

Express et paquebots
Qui bercent nos voyages
Ce sont des bateaux-mouches
Et les trains de plaisir

La mélodie

Iles commence par une introduction de cinq mesures au piano. Cette introduction  est bitonale, (la main droite est en la majeur et la main gauche joue en si mineur) et installe une ambiance de légèreté. Cette mélodie garde une atmosphère tonale en général, elle fait de petites modulations mais s'attache principalement à la tonalité de mi mineur.

Dans cette mélodie le piano et la voix dialoguent de façon très agréable, les couplets du poème interprétés par le piano et la voix sont séparés par des petites interventions du piano seul qui introduisent le atmosphère du couplet suivant. La mélodie se termine par une fausse cadence car le compositeur fait une cadence parfaite à l'avant-dernière mesure mais au lieu de placer le mi, la tonique,  à la voix, il place la sensible de la tonalité de mi mineur. La mélodie s'achève e autre sur une dissonance ce qui lui donne un air de mystère et de suspension. Dans cette mélodie Sauguet utilise un concept plus ample de la tonalité, car il mélange dans la même pièce des parties polytonales et des parties tonales, sans faire des cadences claires et sans préparer les modulations d'une tonalité à l'autre.

Sauguet utilise une écriture musicale simple qui rend compréhensible et met en valeur le texte de Cocteau et reflète l'univers de gaieté et de drôlerie de ce poème.

Conclusion

Malgré la jeunesse de Sauguet, âgé d'une vingtaine d'années quand il composa ses premières mélodies, et son manque d'expérience dans le métier, ces premières œuvres montrent les grandes qualités musicales du compositeur. Ainsi nous comprenons aisément l'attention que lui porta  Milhaud, quand le jeune homme lui envoya ses premières mélodies.

Iles,  est une mélodie bien écrite pleine de charme qui évoque l'univers bitonal de Milhaud. Elle montre déjà la veine mélodique du compositeur qui l'accompagna tout au long de sa carrière.

La collaboration de Sauguet et Cocteau fut moins prolifique que celle que le poète eut avec les Six, mais elle influença profondément l'univers du compositeur. En effet Cocteau, avec son livre Le Coq et l'Arlequin, permit à Sauguet de trouver le courant esthétique auquel ses idées musicales s'accordaient le mieux.

Lorsque le jeune compositeur assista à la représentation de l'œuvre Les Mariés de la tour Eiffel grâce à l'invitation de Milhaud en 1921, il découvrit un nouvel univers et un style novateur, à travers cette œuvre de Cocteau et des Six qui exercèrent sur lui une véritable fascination. À partir de ce moment Sauguet fut convaincu que la rénovation en musique se trouvait du côté de cette avant-garde plus que de celui de Schoenberg.

Par ailleurs Cocteau  favorisa lepremier contact du compositeur avec les membres du groupe des Six, en montrant à Milhaud une mélodie qu'il avait reçu de Sauguet. Cela permit au compositeur d'attirer l'attention de Milhaud sur sa musique.

Le poète influença Sauguet à travers ses idées, ses textes et sa façon de vivre. Cocteau comprenait très bien le métier de compositeur même s'il n'avait jamais écrit de musique. Ce poète se sentait très proche de l'art sonore, comme l'expliqua  Sauguet :

Il y avait entre la musique et Jean Cocteau des liens d'intimité organiques […] Il était physiquement musique23.

Clara Marin Urrego
2012

Notes

1. Groupe formé par Arthur Honegger, Francis Poulenc, Louis Durey, Germaine Tailleferre, Darius Milhaud  et Georges Auric.

2. Henri Sauguet, La musique, ma vie, Paris,Séguier, 1990, p. 96.

3. Louis Emié (1899 -1967), écrivain et poète musicien français. Il entama une correspondance suivie avec les grands artistes de son époque comme  Jean Cocteau et Max Jacob.

4. Jean-Marcel Lizotte (1891-1947 ?) ancien élève du Conservatoire de Paris, il avait à l'époque  des œuvres déjà édités. Selon une lettre, conservée à la BnF, de sa femme à Henri Sauguet, il est décédé avant mars 1947.

5. Henri Sauguet, op. cit., p. 110.

6. Louis Rabat, «  Les Concerts : La province, Bordeaux », Le Courrier musical, 1er janvier 1921, n° 1, p. 14.

7. Henri Boularé, « mouvement musical en province : Bordeaux », Le Ménestrel,  24 décembre 1920,n° 52 p. 512.

8. Henri Sauguet, op-cit., p. 112.

9. Ibid., p. 112.

10. Ibid., p. 111.

11. Darius Milhaud, Notes sans musique, Paris, Julliard, 1949, p. 166.

12. Henri Sauguet, La musique, ma vie, Paris,Séguier, 1990, p. 139.

13. Ibid., p. 143.

14. Groupe formé par Roger Desormière, Maxime Jacob, Henri Cliquet-Pleyel et Henri Sauguet pour continuer la recherche artistique du groupe des Six et parrainé aussi par Satie.

15. Catherine Miller, «  Lectures du Coq et l'Arlequin par le Groupe des Six à travers quelques mélodies inspirés par Jean Cocteau »,  dans : David Gullentops et  Malou Haine (dir.), Jean Cocteau, textes et musique, Paris, Mardaga, 2005, p. 15.

16. Malou Haine,  «  Catalogue des textes de Cocteau mis en musique », dans : David Gullentops et  Malou Haine (dir.), op. cit., p. 169.

17. Henri Sauguet, op. cit.,  p. 109.

18. Ibid., p. 156.

19. Malou Haine, op. cit., p. 213.

20. Mich Benisovich, « Séance d'Avant-garde », Le Courrier musical, juillet 1923, p.  268.

21. Malou Haine, op. cit., p. 213.

22. Michel Faure et Vincent Vives, Histoire et poétique de la mélodie française, Paris, CNRS Editions, 2000, p. 248.

23. Henri Sauguet, cité par : André Fraigneau (dir.), Avec les musiciens, Paris, Gallimard, Collection « Cahiers  de Jean Cocteau », 1978, p. 83.


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