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Caen, 20- 21 septembre 2014, par Alain Lambert ——

PAN ! Festival de jazz « Plein les oreilles et les mirettes ! »

Après s'être rapproché de la grande ville l'an passé [voir notre chronique], c'est la Fermeture Éclair, sur le port de Caen, qui accueillait cette année le festival PAN ! pour « fêter la fin de l'été ». Pari gagné. L'orage du samedi soir, après une journée radieuse, nous a précipité dans l'automne. Mais nous étions bien à l'abri, et la musique était bonne, interludée de poésie, de danse et de vieux films oniriques.

Après un temps de bénévolat à l'installation des lieux et à la billeterie, ma soirée démarre par so-lo-lo (one man gamelan) c'est à dire Thibault Florent, du collectif Capsule de Tours, et sa guitare 12 cordes, préparée parfois avec une grosse aiguille à tricoter pour donner des sons « balinais » ou « japonais ». Un jeu très rythmique et répétitif, auquel on peut se laisser prendre, mon cas, ou pas. Les sonorités sont étonnantes et la présence instrumentale, très forte, remplit l'espace et le démultiplie. A suivre avec la chronique  à venir du disque paru cette année chez Alambik Musik.

One man Gamelan so lo loOne man gamelan so-lo-lo à PAN ! Photographie © Alain Lambert.

Jazz contemporain encore avec JASS, deux Nantais et deux Berlinois, dont les initiales des prénoms retrouvent la première graphie du nom « jazz ». John Hollenbeck à la batterie, Alban Darche au sax ténor, Samuel Blasser au trombone et Sébastien Boisseau à la contrebasse, déjà présent l'an passé. Des initiales qui donnent aussi le titre SAJS (sagesse) à l'un des morceaux. Un travail passionnant de construction et d'improvisation collective, que le jeu très percussif du batteur colore et entraîne magnifiquement.

JassJASS à PAN ! Photographie © Alain Lambert.

De la danse ensuite, très sombre dans la pénombre ponctuée de quelques éclairs de flash. Yoko  Higashi compose en live ses propres ambiances électro entre deux séquences dansées, à la fois inspirées de la tradition japonaise (nô, butô) avec ses attitudes et ses masques, mais aussi très imprégnée de références picturales. On pense au Cri, à Guernica, et bien sûr à Mishima ou à Fukushima. La composition en direct casse un peu la cohérence de la chorégraphie, mais l'ensemble fonctionne dans la mesure où le spectateur est saisi par la force de la performance et impliqué dans une catharsis un peu brutale.

Bohème Express clôt la soirée de façon plus festive. La chanteuse, au milieu de ses talentueux complices, mène le bal en robe rouge. Véritable phénomène sonore, Guylaine Cosseron peut tout chanter entre diva et standards. Et peut aussi tout bruiter, entre vocalise et Tex Avery. Encadrée klezmerement par Emmanuel Héraud aux saxs, Olivier Riquart à l'accordéon, Gary Grandin  à la guitare manouche,  Emmanuel Ricard aux percussions et Hugues Letort à la contrebasse, elle peut donner libre court aux diverses cordes (vocales) à son art, et ne s'en prive pas, pour le plus grand plaisir du public, tout ragaillardi de son expédition en Bohème Express.

Bohême ExpressBohème Express à PAN ! Photographie © Alain Lambert.

Comme un rêve est un ciné concert pendant lequel Guillaume Hazebrouck au clavier Rhodes et Olivier Thémines à la clarinette proposent leurs musiques imagées sur deux films muets de Jean Renoir : Sur un air de Charleston et La petite marchande d'allumettes, respectivement de 1927 et 1928. Un univers surréaliste, burlesque ou onirique, fait de trucages et de ralentis, que les deux musiciens accompagnent à merveille.

Comme un rêveComme un rêve, à l'ombre de Jean Renoir. Photographie © Alain Lambert.

Pour le final du dimanche, Big Four, quartet de jazz contemporain, propose une instrumentation insolite, pas seulement pour le vibraphone de Stephan Caracci, mais aussi pour le sousaphone  de Fabien Debellefontaine, grave, vibrant ou hululant, dont la présence n'est pas que visuelle. Très soufflant, avec Julien Soro au sax alto, et très percutant, avec Rafaël Koerner à la batterie, le swing y est un peu décalé, avec un vibra très rythmique aussi. Il faut attendre le quatrième morceau pour qu'il se laisse aller à des solos inventifs, et que l'ensemble gagne encore en espace.

BIg FourBig Four à PAN ! Photographie © Alain Lambert.

Un beau final pour ce deuxième festival PAN ! À l'an prochain pour le troisième.

plume Alain Lambert
20-21 septembre 2014


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