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Michel Rusquet, Trois siècles de musique instrumentale : un parcours découverte. III. Le temps de Bach : France - Italie - Allemagne - Autres nations

La musique instrumentale de Louis Marchand (1669-1732)

Louis Marchand

Pauvre Marchand, dont la notoriété tient pour une bonne part au fait qu'en 1717, au cours d'un long séjour en Allemagne, alors qu'il devait affronter J. S. Bach dans un tournoi musical, il aurait préféré quitter discrètement la ville de Dresde pour ne pas connaître l'humiliation.

Ce que l'on oublie souvent de préciser, c'est que Bach appréciait beaucoup sa musique, et qu'au tout début du XVIIIe siècle, il était célébré comme le plus grand des organistes et clavecinistes français. Une fois « monté » à Paris, ce Lyonnais ne cessa de collectionner les succès de virtuose et les grands postes d'organiste. En dépit d'un caractère impossible et de mœurs discutables, il fut même nommé par Louis XIV à la Chapelle royale, mais devait brutalement quitter cette fonction quelques années plus tard, sans qu'on sache bien de quelle impertinence il se serait rendu coupable vis à vis du roi.

Personnage impulsif, à la vie passablement turbulente, Marchand était avant tout un formidable improvisateur. Tout cela explique sans doute qu'une fois parvenu au succès, il ait aussi peu écrit ou ne se soit guère soucié de « peaufiner » ses compositions. Ainsi, pour le clavecin, n'avons-nous de lui que les deux suites (en mineur et en sol mineur) constituant respectivement ses Premier et Deuxième Livres publiés dès 1699 et 1702 ; des pièces où dominent tantôt la simplicité, le charme et la fraîcheur (Suite en sol mineur), tantôt une certaine gravité et une grande richesse d ‘écriture, loin des frivolités parfois commises par certains clavecinistes de l'époque   (Suite en ré mineur, avec son admirable Chaconne). 

Louis Marchand, Prélude pour clavecin, par Mario Martinoli.
Louis Marchand, Gigue de la 2e suite en sol, par Christophe Rousset (Disque Ambronay AMY 032)

Quant à son œuvre pour orgue, la mieux à même de rendre compte de la puissance créatrice de ce grand improvisateur, elle pourrait paraître plus fournie puisque les éditions modernes la distribuent en cinq livres différents. En réalité, seul compte vraiment le Livre I publié à titre posthume en 1740 et constitué de douze pièces réellement achevées. « De ces douze pièces, aussi immédiatement identifiables qu'une signature, se dégage une autorité souveraine. L'aventureux langage harmonique, qui ravissait Rameau, rehausse aussi bien la virtuosité la plus arrogante que le mystère aux confins du silence d'un Fond d'orgue. »1 Rien de tel en revanche, si ce n'est le grandiose Dialogue qui forme à lui seul le Livre III, dans les autres recueils réunissant une quarantaine de pièces manuscrites retrouvées à Versailles : ici, « le tout-venant l'emporte sur les pages de qualité », la plupart de ces pages n'étant « que de simples canevas améliorés. »2

Louis Marchand, Plein jeu, Extraits du Livre I, André Isoir, orgue de la Cathédrale d'Albi.
Louis Marchand, Dialogue, Extraits du Livre I, André Isoir, orgue de la Cathédrale d'Albi.
Louis Marchand, Grand Dialogue (Livre III), Pierre Bardon, orgue de Saint Maximin la Sainte-Baume.

Biographie de Louis Marchand dans Musicologie.org

Notes

1. BRIGITTE FRANCOIS-SAPPEY, dans Gilles Cantagrel (dir.), Le guide de la musique d'orgue, Fayard, Paris 2003, p. 537.

2. BRIGITTE FRANCOIS-SAPPEY, ibid., p. 537.


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