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mardi 10 mars 2015

 

Je ne me suis jamais éloigné de l'enseignement : Entretien avec le professeur Roberto Chorens, Prix national d'enseignement artistique 2014 de Cuba

Par Laura Alonso Hernandez
Traduit par Alain de Cullant
Lettre de Cuba (3), 2015

 

Les rues animées de la Vieille Havane semblent se taire quand on entre dans l'Académie de Chant Lyrique du Théâtre Lyrique National de Cuba. Des affiches de La Bohème, La Traviata, La légende d'un baiser et des diplômes de plusieurs reconnaissances reçus par l'école remplissent ses murs.

Le centre, qui célèbre cette année le 10e anniversaire de sa fondation, est dirigé depuis sept mois par l'éminent professeur et musicologue Roberto Chorens Dotres, qui vient de recevoir récemment, le 28 janvier, le Prix National d'Enseignement Artistique 2014.

Depuis qu'il était pianiste accompagnateur pour les danseurs à l'École Nationale d'Art de Cubanacan jusqu'à ce jour, il a fait partie de différentes institutions de l'enseignement de l'art à Cuba.

Quelles sont vos origines dans l'enseignement artistique ?

J'ai commencé comme pianiste dans l'École de Danse en 1969, à l'époque de l'Ecole Nationale d'Art de Cubanacan, quand l'Institut Supérieur d'Art (ISA) n'existait pas encore. Je venais de terminer mon service et je recommençais à étudier au Conservatoire Amadeo Roldán, car je n'étais pas encore diplômé.

Je n'avais pas besoin de travailler mais j'avais un ami là-bas, Olavo Alén, qui travaillait comme pianiste dans l'École de Danse Moderne, et je me suis permis. Lors des premiers mois de l'année 1970 j'ai commencé à donner des classes de musique aux danseurs, je pense que c'est là où tout a commencé.

Ensuite je suis allé à ce qu'on appelait à l'époque la Direction de l'Éducation Artistique pour l'assessorat de classes telles que l'Histoire de la Musique. Plus tard je suis retourné pour enseigner dans l'Ecole Nationale de Musique.

Un moment très important dans ma carrière a été la création du Centro Nacional de Superación de la Enseñanza Artística en 1976. J'y ai passé de nombreuses années et cela m'a permis de former des enseignants d'art à Cuba.

Après Harold Gramatges m'a proposé que j'assume la Faculté de Musique de l'ISA. J'ai assumé le poste de doyen durant neuf ans, ce qui ne m'empêchait pas d'enseigner et d'avoir mes propres groupes.

Vous êtes un organiste de profession, comment avez-vous réalisé votre carrière dans l'enseignement ?

J'ai étudié le piano dans l'Amadeo, mais à cette époque les classes d'orgues étaient le soir. C'était formidable. Un jour j'ai regardé et le professeur m'a proposé d'essayer et que je lui apporte quelque chose. J'ai même voulu laisser le piano.

J'ai joué beaucoup mais je ne me suis jamais éloigné de l'enseignement. J'ai eu l'occasion de faire de nombreux concerts hors de Cuba, car, jusqu'à récemment, il n'y avait pas beaucoup d'organiste dans le pays.

J'aimerai faire prochainement un concert dans la Cathédrale de La Havane. C'est déjà coordonné, le reste dépend de moi. Le problème n'est pas d'avoir le temps, le problème est que je dois être prêt physiquement pour jouer de nouveau. Vous savez que l'orgue se joue avec les mains et les pieds.

Il faudrait faire une nouvelle sélection de répertoire. C'est ce qui me manque comme grand couronnement après mon problème de la jambe, j'ai recommencé le travail et je peux marcher sans béquilles.

Comment êtes-vous arrivé à être le directeur de l'Académie de Chant Lyrique du Théâtre Lyrique National de Cuba ?

Un jour j'ai reçu un appel du Ministère de la Culture et on m'a fait la proposition d'être le directeur de l'Académie de Chant Lyrique, ceci m'a surpris, je ne l'avais jamais imaginé, mais de toute façon j'ai dit : Allons-y. C'était une façon de continuer à faire avancer les gens. Malgré tous les contretemps ce n'était pas encore le moment de rester à la maison.

Là je me suis rendu compte que l'on peut considérer aussi bien comme musicien un instrumentiste qu'un chanteur, mais il y a des différences. En ce qui concerne les études, je pense que celles du chanteur sont plus élevées que chez l'instrumentiste. Ici il y a une académie, de niveau moyen et les jeunes qui obtiennent leur diplôme restent ici comme professionnels.

Ils vivent pour le chant. C'est un environnement très fructueux qui m'apporte plus de ce que je peux apporter. C'est comme revenir aux racines ou revenir à la source d'où sort la musique.

La musique faite par l'homme sans l'aide de n'importe quel instrument est le plus impactant ; je le savais, mais en étant à l'endroit où la voix est ce qui domine tout, il me semble que c'est comme être dans un endroit où tout est né.

Avez-vous des plans pour l'École du Lyrique ?

Qu'elle continue de croître. Nous avons déjà donné plusieurs concerts, comme celui du 17 janvier dans la Basilique Mineure de San Francisco de Asís. Nous l'avons fait pour cultiver le genre Lieder Abend, avec de célèbres chanteurs d'opéra cubains, comme les sopranos Johana Simon, Alioska Rodríguez et Milagros de los Angeles ; les ténors Bryan López et Roger Quintana, et le baryton Eleomar Cueto.

Nous allons continuer avec notre répertoire. En mars, on présentera Cecilia Valdés dans le théâtre Martí, où cette œuvre a eu sa première en 1939.

Nous allons faire des zarzuelas dans le théâtre América, comme La verbena de la paloma et La corte del faraón.

Cuba est un pays de zarzuelas, c'est le seul pays latino-américain dans lequel ces œuvres sont composées.

Nous avons de grands compositeurs comme Ernesto Lecuona, Moisés Simons et Luis Casas Romero.

Le bureau Leo Brouwer nous a invités à faire partie d'un nouveau projet, le Festival « Les voix humaines », du 25 septembre au 18 octobre. Là, nous voulons célébrer le centenaire de la naissance de Frank Sinatra et le 330e du compositeur allemand Georg Friedrich Händel. Nous espérons que le Grand Théâtre de La Havane soit rouvert.

En juin, nous proposerons La Traviata, dans la salle Tito Junco du théâtre Bertolt Bretch. Personne ne pouvait s'imaginer qu'il y aurait des représentations du Lyrique dans cette salle, bien qu'elle avait accueilli La flûte enchantée de Wolfgang Amadeus Mozart le 10 octobre 2014 et que les files d'attente étaient énormes, pleines d'enfants et tous l'ont aimé.

Quelques nouveautés en librairie musicale

Des livres

Massip C., Herlin D., Fabris D., Duron J. (éditeurs), Collectionner la musique: érudits collectionneurs. Brepols, Turnhout 2014 [582 p. ; ISBN 978-2-503-55327-6 ; 100,00 €]

Sala Massimiliano, Piano Culture in 19th-Century Paris. «Speculum Musicae » (26), Brepols, Turnhout 2015 [414 p.,; ISBN 978-2-503-55326-9 ; 110,00 €]  

Joubert Muriel et Le Touzé Denis (direction), Le souffle en musique. « mélotonia », Presses universitaires de Lyon, Lyon 2014 [198 p. ; ISBN 978-2-7297-885-6 ; 18 €]

Doé de Maindreville Florence et Etcharry Stéphan (direction), La Grande Guerre en musique : vie et création musicale en France pendant le Première Guerre mondiale. « Études de musicologie» (4), Peter Lang, Bern 2014 [320 p. ; ISBN 978-2-87574-165-3 ; 39,10 €]

François-Sappey Françoise, La musique au tournant des siècles. « Les chemins de musique », Arthème Fayard, Paris 2015 [304 p. ; ISBN 978-2-213-68250-1 ; 20,00 €]

Candoni Jean-François et Gauthier Laure (direction), Les grands centres musicaux dans le monde germanique (XVIIe-XIXe siècles) (préface par Christophe Charles), « Musique - écritures », Presses Universitaires Paris-Sorbonne, Paris 2014 [494 p. ; ISBN 978-2-84050-936-3 ; 32,00 €]

Olive Jean-Paul et Oviedo Alvar, Prose musicale et geste instrumental : les six bagatelles pour quatuor à cordes d'Anton Webern. «Æsthetica», Presses Universitaires de Rennes, Rennes 2014 [178 p. + 1 dévédé ; ISBN 978-2-7535-3506-0 ; 18,00 €]

Iglesias Sara, Musicologie et Occupation : science, musique et politique dans le France des « années noires », Édition de la maison des sciences de l'homme, Paris 2015 [456 p. ; ISBN 978-2-7351-1618-8 ; 35,00€]

Amy Gilbert, Le temps du souffle : textes et essais sur sa musique. Symétrie, Lyon 2015 [192 p. + dévédé ; ISBN 978-2-36485-032-3 ; 29,00 €]

Giron-Panel Caroline, Granger Sylvie, Legrand Raphaëlle, Porot Bertrand (direction), Musiciennes en duo : mères, filles, sœurs ou compagnes d'artistes. «Histoire », Presses universitaires de Rennes, Rennes 2015 [256 p. ; ISBN 978-2-7535-3572-5 ; 19,00 €]

Jardin Étienne, Taïeb Patrick, Doé de Maindereville Florence, Wilcox Beverly, Archives du concert : la vie musicale française à la lumière de sources inédites (XVIIIe-XIXe siècle). Actes Sud, Arles 2015 [384 p. ; ISBNISBN 978-2-330-04794-8 ; 39,00 €]

Heinen Jacqueline, Rebut Jean-Louis , Atout-Chœur : un demi-siècle de direction chorale - Entretiens avec Jacqueline Heinen. « Graveurs de Mémoire », L'Harmattan, Paris 2015 [108 p., ; EAN 9782343056678 12,5 euros, ]

Gouyon Matignon Louis de, Jazz manouche : la discothèque idéale. L'Harmattan, Paris 2015 [142 p. ; EAN 9782343055091 ; 17,00 €]

Chirat Alexandre, Booba : Poésie, musique et philosophie. L'Harmattan, Paris 2015 [128 p. ; EAN 9782343055398 ; 14,00€]

Siqueira de FreitasAlexandre, Rencontre des arts : Correspondances entre œuvres sonores et visuelles au XXe siècle. «Ouvertures philodophiques», L'Harmattan, Paris 2015 [178 p. ; EAN 9782343037288 ; 17,00 €]

Savonardo Lello, Sociologie de la musique : la construction sociale du son des «tribus» au numérique (traduction de l'italien par Malika Combes et Amélie Munoz). Academia, l'Harmattan, Paris 2015 [394 p. ; EAN 9782806101587 ; 26,00€]

Wagner Richard, L'Anneau du Nibelung (nouvelle traduction de Henri Christophe). Symétrie, Lyon 2014 [416 p. ; ISBN 978-2-36485-026-2 ; 13,80 €]

Hascher Xavier, Ayari Mondher, Bardez Jean-Michel, L'analyse musicale aujourd'hui. «Pensée musicale», Éditions Delatour, Sampzon 2015 [480 p. ; EAN 9782752102430 ; 35,00 €]

Bardez Jean-Michel, Despax Jean-Paul, Formation musicale – Formation du musicien. «Musique/pédégogie», Éditions Delatour, Sampzon 2015 [332 p. ; EAN : 9782752102461 ; 30,40 €]

Cormier Brigitte, Podleś Ewa : contralto assoluto (préface par Marc Minkowski). Symétrie, Lyon 2015 [356 p. ; ISBN 978-2-914373-56-2 ; 30,00 €]

Oliveira Jocy, Dialogue avec mes lettres : Berio, Cage, de Carvalho, Craft, Foss, Messiaen, Santoro,Stravinsky, Stockhausen, Villa-Lobos, Xenakis. Honoré Champion, Pris 2014 [336 p., ISBN 978-2-7453-2948-6. ; 50,00€]

... Quelque cédés

Les musiciens et la Grande Guerre : Concertos pour la main gauche. Orchestre national de Lille, Nicolas Stavy (piano), Paul Polovnick (direction), Hortus 2015 (HORTUS 710)

Carnet de bord Maîtrise de Radio France (direction Sofi Jeannin), œuvres de Dutilleux, Daniel-Lesur, Britten, Radio France 2015 (FRF 036),

L'heure romantique, Varda Kotler (soprano), Istrel Kastoriano (piano), œuvres de Mahler, Purcell, Schumann, Caplet, Ravel etc. Forlane 2014 (FOR 16878)

Olga Neuwirth compose un opéra pour le Wiener Staatsoper

 

Le vénérable et traditionaliste Wiener Staatsoper ose la modernité et a passé commande d'un opéra à la compositrice Olga Neuwirth.

Orlando, basé sur le roman de Virginia Woolf (1882-1941), devrait être créé en décembre 2019.

Olga Neuwirth a obtenu le Grand prix de la nation autrichienne en 2010, et a déjà créé des œuvres de théâtre musical, notamment avec la récipiendaire du Prix Nobel Elfriede Jelinek.

L'écriture du livret est confiée à Catherine Filloux.

L'accusation de blasphème contre le directeur de l'Opéra de Novosibirsk n'a pas tenu la rampe

Le Métropoliatin de l'Église orthodoxe avait porté plainte pour blasphème (redevenu un délit depuis peu en Russie), pour une mise en scène d'un Tannhäuser à l'Opéra de Novossibirsk qui aurait porté atteinte à des symboles religieux.

De nombreux artistes se sont manifestés contre cette atteinte à la liberté de création.

Le tribunal n'a pas reçu cette plainte.

Après les scènes de Moscou et de Saint-Pétersbourg, Novossibirsk est un des hauts lieux de la création musicale en Russie.

Le Thai Blind Orchestra, l'orchestre thaï des aveugles

Le  Thai Blind Orchestra, a été fondé par Alongkot Chukaew, contre la croyance dans le karma selon laquelle les handicapés payent pour des méfaits commis dans une vie passée.

En Asie du Sud-Est, comme ailleurs, même si les handicapés ont légalement les mêmes droits que les autres citoyens, beaucoup vivent dans la pauvreté, rejetés ou cachés par leurs familles.

Les musiciens ont entre 8 et 15 ans, jouent de la musique classique et se produisent dans toute la Thaïlande.

La Thaïlande compte 1,8 million de personnes handicapées, dont 180 000 aveugles, pour 67 millions d'habitants.

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