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Musique de chambre à Giverny 2016 : programme du 21août 2016

Ce programme a été joué jeudi 18 août 2016, au Musée des impressionnismes de Giverny, sous le générique « Vents et aurores boréales ».

Carl Nielsen, Deux pièces fantaisie,  opus 2, pour hautbois et piano : 1. Romance,   2. Humoresque.  Composé en 1888-1889, créées le 16 mars 1891 à Copenhague par le dédicataire Olivo Krause (hautbois) et Victor Bendix (piano).

Yun Yang Lee (piano), Philibert Perrine (hautbois).

Philibert Perrine. Photographie © Jean-Marc Warszawski.

Carl Nielsen est au Danemark ce que Sibelius est à la Finlande : ils sont nés la même année 1865, leurs dernières compositions sont contemporaines. Mais la Scandinavie est arrivée aux oreilles du monde par Sibelius bloquant  la gloire de Nielsen dans ses frontières nationales. Ces frontières par lesquelles on comprend l'influence russe qui colore la musique de Sibelius et celle plutôt germanique qui irrigue celle de Nielsen, attiré par le Sud. Il va jusqu'en Grèce moissonner des bouffées d'inspiration. Il se marie à Florence avec la sculptrice Anne Marie Brodersen, rencontrée à Paris (une Danoise, on se rassure), qui outre une fille, lui donna quelques bustes en pierre et en marbre.

Nielsen compose ces deux miniatures alors qu'il intègre les pupitres des seconds violons de l'Orchestre royal du Danemark, poste qui lui permet de faire bouillir la marmite durant une quinzaine d'années. Les deux pièces sont créées séparément par un premier dédicataire, le hautboïste Peter Brøndum selon le manuscrit, et un second, Olivo Krause, selon l'édition parue fin 1890. Mais c'est Nielsen lui-même qui donne (au violon !) la première audition de ces deux pièces rassemblées. La véritable création par Olivo Krause le 16 mars 1891 confirme le premier succès obtenu par le compositeur  avec sa petite suite pour cordes en 1888.

Une jolie romance sur une phrase mélodique sobre et modulante, culminant rapidement, puis dévalant lentement, légèrement suspendue par un chromatisme élégant, suivie d'un allegretto scherzando tout guilleret dans sa rythmique virtuose.

Claude Debussy : Première rhapsodie, pour clarinette et piano : Rêveusement lent. Composée de mai 1909 à janvier 1910, créée le 16 janvier 1913 à Paris.

Yun Yang Lee (piano), Bogdan Sydorenko (clarinette).

Yun Yang Lee (piano), Bogdan Sydorenko (clarinette) en répétition. Photographie © Jean-Marc Warszawski.

Pour le concours de clarinette de l'année 1910, le Conservatoire de Paris, alors dirigé par Gabriel Fauré, commandite Claude Debussy qui livre une « petite pièce » de 34 mesures pour le déchiffrage et cette première  (et unique) rhapsodie. On pense que les nombreuses corrections effectuées lors de l'édition l'ont été avec la collaboration du dédicataire Paul Mimart.

Participant au jury, Debussy confie à son éditeur le 8 juillet :   « Dimanche, plaignez-moi, j'entendrai onze fois la rhapsodie pour clarinette en si♭; je vous raconterai cela si je suis encore en vie. », et le 15 juillet, encore en vie, il raconte cela : « Le concours de clarinette a été excessivement brillant, et, si j'en juge par la tête que faisaient mes confrères, la rhapsodie était réussie ! […] L'un des concurrents, Vandercruyssen, l'a jouée par cœur et en grand musicien. Les autres, c'était propre et médiocre. » Les « autres » sont passés à côté d'une des plus belles œuvres pour clarinette du répertoire, avec ses cinq thèmes, son abondance de nuances, ses belles sonorités. « Rêveusement lente » selon l'indication du compositeur, la rhapsodie passe en fait par une grande variété de sentiments, certains bien éveillés.

Igor Stravinsky : Trois pièces, pour clarinette seule. Composées en 1918, créées le 8 novembre 1919 à Lausanne

Bogdan Syderenko (clarinette)

Entre la rhapsodie et ces trois pièces, il y a le Sacre du printemps de 1913, qui alimenta l'histoire des scandales musicaux, mais changea celle de la musique… et Stravinsky lui-même, qui ayant peut-être le sentiment d'avoir atteint une limite, se concentre sur des petites formes et des ensembles instrumentaux plus restreints.

Ces trois œuvres, composées en suisse, où le compositeur réside de 1914 à 1920, sont un cadeau offert à Werner Reinhart, clarinettiste amateur et membre d'une famille ayant fait fortune dans le commerce du café et du coton, qui a financé la première production de l'Histoire du soldat en septembre 1918.

Ce sont là trois des plus grandes « petites œuvres » d'Igor Stravinsky. La première, esquissée dès 1916, commence comme une chanson et explore le registre bas de l'instrument. La seconde, influencée par le jazz récemment découvert par le compositeur, imite l'improvisation et la partition ne comporte pas de barres de mesure. La troisième revisite le tango et le ragtime de l'Histoire du soldat.

Alexandre Borodine, Quatuor no 2 en ré majeur : 1. Allegro moderato, 2. Scherzo, 3. Notturno, 4. Finale. Composé en 1881, créé le 26 janvier 1882 à Saint-Pétersbourg.

Nikita Boriso-Glebsky (violon), Kaja Nowak (violon), Vladimir Percevic (alto), Joris Van den Berg (violoncelle).

Nikita Boriso-Glebsky. Photographie © Jean-Marc Warszawski.

En 1833, ça commence un peu de travers pour Borodine. Son père, prince et général,  atteint du démon du crépuscule est allé butiner dans les prairies printanières avec une fille de soldat. L'enfant, déclaré sous le nom d'un des serfs du prince devient selon la loi serf lui-même. Le vieux prince Louka Stépanovitch Gedianishvili est-il épris de la jeune Avdotia Antonova ? A-t-il été impressionné dans son enfance par des contes russes ? A-t-il une morale aiguisée comme son sabre un peu courbe tout de même ? Vaste question  qui a privé de sommeil plusieurs générations de musicologues. Toujours est-il que le prince assure avec générosité l'avenir de la mère (qui se fait passer pour la tante) et de l'enfant. Borodine reçoit l'éducation réservée à l'élite, langue française et musique comprises, achève des études de médecine, devient comme son père (beau-père, oncle ?) par arrangement (du prince), médecin militaire. Mais il ne supporte ni les blessures ni les misères corporelles. Il devient un chimiste de renom et un éminent professeur. Il sera conseiller d'État et dirigera jusqu'à sa mort une école de médecine ouverte aux femmes.

Il estime être un « musicien du dimanche », et par l'entremise de Moussorgski qu'il rencontre en 1859, devient un des activistes du Groupe des Cinq (avec Rimski-Korsakov, Moussorgski, Balakirev, César Cui), lesquels, après les plasticiens, veulent rompre, dans le domaine musical, avec la tradition (française, italienne et allemande) des cours aristocratiques et des salons de la haute bourgeoisie, pour se rapprocher des cultures et de la langue  populaires. Selon Borodine, « Dans un opéra, comme dans n'importe quel autre art décoratif, les détails, la minutie sont déplacés ».

Le musicien du dimanche nous a laissé des œuvres universelles comme son opéra Le prince Igor, sa 2e symphonie, le poème symphonique Steppes de l'Asie centrale. Maître des grandes fresques, il est aussi un habile chambriste, comme le prouve ce deuxième quatuor, célèbre par son Notturno.

Dédiée à son épouse Nadejda Ekaterina, à l'occasion du vingtième anniversaire de leur rencontre à Heidelberg, cette œuvre, composée en deux mois, a été créée le 9 mars 1882 à Saint-Pétersbourg. Selon un des premiers biographes, Serguei Dianine (fils d'Alexandre Dianine, élève, assistant, et gendre de Borodine), il s'agirait d'un poème narratif relatif à la vie du couple, le notturno étant un dialogue amoureux. Le violoncelle, instrument du compositeur y est à l'honneur (premier mouvement).

Jean-Marc Warszawski

Les concerts, programmes, photographies, extraits sonores

18 août ; 19 août ; 20 août après-midi ; 20 août au soir ; 21 août ; 24 août ; 25 août ; 26 août ; 27 août après-midi ; 27 août au soir ; 28 août ; article.

(Le démocrate Vernonnais) Musique de chambre : quel avenir pour le festival ?

Musique de chambre à Giverny.

 

 

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Vendredi 2 Septembre, 2016 1:39