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Musique de Chambre à Giverny 2016 : programme du 27 août 2016 après-midi

Ce programme a été joué samedi 27 août 2016 après-midi, à l'église de Giverny, sous le générique « Les grands romantiques : France-Russie »

Piotr Ilitch Tchaïkovski, Trio, en la mineur, opus 50 : 1. Pezzo elegiaco, 2. Tema con variazioni, Andante con moto. Composé entre décembre 1881, et le 9 février 1882, dédicacé « À la mémoire d'un grand artiste ». Après une audition privée à Moscou en mars 1882, création publique dans la même ville le 30 octobre, avec Sergueï Taneïev (piano), N. Grimaldi (violon), Wilhelm Fitzenhagen (violoncelle).

Yun-Yang Lee (piano), Nikita Boriso-Glebsky (violon), Michel Strauss (violoncelle)

Nikita Boriso-Glebsky, Michel Strauss, Yun-Yang LeeNikita Boriso-Glebsky, Michel Strauss, Yun-Yang Lee. Photographie © Jean-Marc Warszawski.

Le 23 mars 1881, Nikolaï Rubinstein décède à Paris. Il a 45 ans. Pianiste et chef d'orchestre très en vue, à l'origine du Conservatoire de Moscou qu'il dirige à son ouverture, il est un ami proche de Tchaïkovski. Il l'a soutenu, et a même négocié, en 1877, la séparation d'avec Antonina Ivanovna Milioukova. Pour Tchaïkovski, le mariage n'était pas la bonne idée.

Depuis cette même année 1877, Nadejda von Meck lui alloue une pension annuelle de 6 000 roubles, ce qui permet au compositeur d'envisager une vie de compositeur et de chef d'orchestre à temps complet. Il demande son congé au Conservatoire où, grâce à Rubinstein, il enseignait l'harmonie.

Curieuses relations avec cette richissime dame, qui lui ouvre ses propriétés, et évite sa vie durant de le rencontrer. Elle joue du piano, engage un temps Claude Debussy comme professeur de musique pour ses enfants. Ne pouvant plus faire semblant d'ignorer l'homosexualité de son protégé, elle lui coupe les vivres en 1890. Mais à présent, elle lui demande un trio, qu'il refuse de composer prétextant — s'en excusant aussi — du fait que son oreille, par malformation, ne supporte pas le timbre du piano et du violoncelle réunis.

Tchaïkovski est très affecté par la disparition de son ami Nicolaï Rubinstein, à la mémoire duquel il compose, malgré le trouble auditif mis en avant, son gigantesque trio opus 50, sa plus belle œuvre chambriste.

Après un premier mouvement de dimension et de complexité thématique étonnantes, de forme sonate tronquée (la réexposition ne va pas à terme), où l'on appréciera les premières mesures élégiaques, les beaux duos de cordes contre le piano, la fureur, et L'adagio qui anticipe la marche funèbre finale, qu'on a envie de rapprocher de la 6e symphonie « pathétique », le thème du second mouvement, serait, selon le frère de Tchaïkovski, inspiré par des airs populaires entendus en compagnie de Nikolaï Rubinstein au cours d'un repas pris avec des paysans. Les 12 variations évoqueraient chacune un épisode de la vie de son ami.

Piotr Ilitch Tchaïkovski, Trio, en la mineur, opus 50. Thème et deux premières variations. 

 

Ernest Chausson, Concert, en mineur, opus 21 : pour violon, piano, et quatuor à cordes : 1. Décidé, 2. Sicilienne, 3. Grave, 4. Très animé. Composé en 1889-1891, créé le 4 mars 1892 à Bruxelles, par Auguste Pierret (piano), Eugène Ysaÿe (violon) et le quatuor Crickboom.

Jean Claude Vanden Eynden (piano), Solenne Païdassi (violon solo), Aylen Pritchin (violon 1), Kaja Nowak (violon 2), Kei Tôjô (alto), Cameron Crozman (violoncelle)

Solenne Païdassi, Kei Tôjô, Jean Claude Vanden Eynden, Aylen Pritchin, Cameron Crozman, Kaja Nowak.Solenne Païdassi, Kei Tôjô, Jean Claude Vanden Eynden, Aylen Pritchin, Cameron Crozman, Kaja Nowak. Photographie © Jean-Marc Warszawski.

Ernest Chausson, né en 1855, a fait partie, comme on disait, de la « bande à Franck », ces jeunes dilettantes de bonne famille, particulièrement des avocats, comme Chausson, venant auprès de César Franck dit « le Séraphique », prendre des leçons de composition. Mais avant de rejoindre la bande, il avait suivi, dès l'âge de 24 ans, en auditeur libre, les cours du grand pédagogue Jules Massenet au Conservatoire national de Paris. Il a même, en 1800, présenté une cantate, en vain, au Concours du Prix de Rome.

Au cours des années, le dilettante n'a cessé d'enrichir son écriture, et compose des œuvres remarquables qui l'introduisent dans la cour, les salons et l'amitié des grands : il côtoie Claude Debussy, Henri Duparc, Gabriel Fauré, Isaac Albéniz, Eugène Ysaÿe, mais aussi Stéphane Mallarmé, Ivan Tourgueniev, Puvis de Chavannes, Claude Monet, etc. Il a été un collectionneur zélé de peintures impressionnistes.

En 1886, il devient, pour une dizaine d'années, le secrétaire de la Société Nationale de musique, fondée par Saint-Saëns en 1870 pour promouvoir la musique française (débarrassée de l'influence wagnérienne).

Les facilités de la vie ne l'incitent pas à se taper la tête contre les murs. Pourtant, c'est en perdant le contrôle de sa bicyclette qu'il se cogne violemment contre un mur, et meurt le 10 juin 1899 d'une fracture du crâne.

Ernest Chausson aimait une certaine théâtralité ; il pensait qu'on pouvait mettre dans un quatuor autant de musique que dans tout un opéra. Cette œuvre est, avec son dernier quatuor, à l'apogée de son art, un joyau des programmes de musique de chambre, depuis le grand succès de sa création.

Malgré son titre, « concert », et son aspect de concerto pour violon, il s'agit bien, par sa conception, d'une œuvre chambriste.

On aime y trouver l'influence de Fauré par les clairs-obscurs modaux, Wagner par le foisonnement des modulations et des chromatismes, lesquelles, malgré le majeur affiché dès l'énoncé du thème d'entrée sonnant comme un fragment de plain-chant, produisent une incertitude tonale. On cite aussi l'influence de César Franck, pour la nature cyclique de l'emploi des thèmes (cyclique : quand un thème est employé dans plusieurs mouvements), voire l'ampleur et l'emphase des cantabile, on aime citer le 18e siècle, à cause peut-être de cette idée de concerto ou de la présence d'une « sicilienne », à la manière d'une suite baroque, ou en raison de la grâce qui met en beauté la partie centrale du premier mouvement ; on cite aussi Debussy… mais on peut citer Ernest Chausson lui-même à propos de son dernier quatuor « … Je crois que ce n'est ni Franck, ni d'Indy, ni Debussy… ». Évidemment, c'est du Chausson grande pointure : une œuvre d'une exceptionnelle intensité, passionnée et de grande séduction.

Ernest Chausson, Concert, en mineur, opus 21. Début du premie rmouvement. 

 

Jean-Marc Warszawski

Les concerts, programmes, photographies, extraits sonores

18 août ; 19 août ; 20 août après-midi ; 20 août au soir ; 21 août ; 24 août ; 25 août ; 26 août ; 27 août après-midi ; 27 août au soir ; 28 août ; article.

(Le démocrate Vernonnais) Musique de chambre : quel avenir pour le festival ?

Musique de chambre à Giverny.

 

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Vendredi 2 Septembre, 2016 1:37