bandeau texte

mercredi 31 août 2016

Recherche dans musicologie.org

  ▉ Nouveaux livres
  ▉ Nouveaux cédés
  ▉ Petites annonces

▉ Biographies musicales
▉ Encyclopédie musicale
▉ Analyses musicales
▉ Articles et documents
▉ Bibliothèque
▉ Presse internationale
▉ Agenda
▉ Analyses musicales

Musique de chambre à Giverny 2016 : des entendus à la hauteur des attendus

Michel Strauss, présentant un concert à Musique de chambre à GivernyMichel Strauss, présentant un concert à Musique de chambre à Giverny. Photographie © Jean-Marc Warszawski.

Cela fait 13 ans que le violoncelliste Michel Strauss a créé Musique de Chambre à Giverny, une résidence d'une quinzaine de jours, mêlant musiciens seniors et juniors, une pratique ramenée de son séjour étatsunien.

À la vérité, les juniors en résidence à Giverny sont des musiciens de très haut niveau, disciplinés, au métier assuré, habitués à la scène et aux tournées : solistes, pupitres d'orchestre, chambristes. C'est peut-être lors des moments de détente, au cours du repas en commun après concert, que la différence entre les générations est la plus visible. Les anecdotes et les souvenirs ne déploient pas la même échelle de temps (d'escabeau à grande échelle des pompiers), au nombre de bougies sur les gâteaux d'anniversaire (selon le pianiste Jean-Claude Vande Eynden, il y a un moment où les bougies coûtent plus cher que le gâteau).

La violoniste Solenne PaïdassiLa violoniste Solenne Païdassi, après le concert, à la table commune. Photographie © musicologie.org.

Giverny, village tout en fleurs, est un lieu superbe, le cœur de la résidence est logé dans les maisons et jardins que la fondation Terra (pour l'art américain en Europe) réserve normalement aux artistes américains voulant prendre des airs d'impressionnisme. L'intendance est assurée par une équipe rodée de bénévoles en grande partie autochtone.

Cette année, le programme a été organisé autour de la venue du grand compositeur letton Pēteris Vasks. Ainsi, le Grand Nord a été mis à l'honneur (surtout la Scandinavie), on ne pouvait pas ignorer le centenaire d'Henri Dutilleux. Du Grand Nord à la nuit, et de la nuit au quatuor « Ainsi la nuit », on n'a pas hésité sur les associations d'idées et de mots. Au bout du compte, quels que soient les prétextes littéraires ou géographiques, monter un programme de onze concerts exigeants est une tache de musicien, où il faut du métier, du goût, de la jugeote. Rien à dire de ce côté, entre attentes, découvertes, surprises, cohérence et variété. Giverny l'impressionniste est aussi prétexte à inviter la musique française du tournant des xixe et xxe siècles. Nous avons même bénéficié d'une soirée espagnole, puisque beaucoup de musicien espagnols furent à cette époque, un temps parisiens.

On se réhydrate dans la fournaise avant le concert : Pēteris Vasks en discussion avec Michel Strauss, Jean-Marc Warszawski, Madame Lieģis, Monsieur Edgars Šoļins, son excellence l'ambassadeur de Lettonie, Imants Lieģis. Photographie © musicologie.org.

L'exceptionnelle qualité musicale qui règne à musique de chambre à Giverny depuis 13 ans, l'énergie, l'engagement des instrumentistes (une trentaine de résidents), met la barre très haut, et de mémoire d'habitué — on a ici fidélisé une bonne partie du public, d'ailleurs plus nombreux qu'en 2015 —, chaque année est plus extraordinaire que toutes les autres, 2016 confirme la règle : l'année la plus extraordinaire comme les douze précédentes. Musique de chambre à Giverny est devenue un de ces lieux où il n'est pas besoin de savoir qui joue et quoi, l'entendu y dépasse toujours l'attendu. On s'y rend les yeux presque fermés et les oreilles grands ouvertes.

De ces onze concerts, il est difficile d'en extraire des moments privilégiés, tant chacun d'entre eux a été un événément remarquable (37 œuvres présentées dont une création).

Il y a eu la création de Borée du compositeur et chef d'orchestre Thierry Pélicant, qui dit penser aux gestes des musiciens quand il écrit. Les sourires amusés des violonistes, dans la virtuosité des pizzicatos d'archet semble le confirmer, par contre Philibert Perrine, dans les longues et difficiles tenues au hautbois pinçait un peu les lèvres.

Le concerto pour 5 instruments et clavecin de Manuel de Falla, une œuvre étrange, mêlant avant-garde et passé lointain, dans laquelle on a découvert un étonnant musicien, claveciniste le jour et pianiste de jazz le soir.

Edgardo Campos-Seguel Edgardo Campos-Seguel présentant le concerto pour clavecin et 5 instruments de Manuel De Falla. Photographie © musicologie.org.

Bien entendu la monumentale Nuit transfigurée d'Arnold Schönberg, qui a peut- être souffert d'un léger déséquilibre d'homogénéité sonore, par un premier violon un peu trop en avant, alors que dans le quatuor de Sibelius, c'est le violoncelle qui, dans les premières mesures seulement, a chanté un peu fort, un peu seul.

Les trois œuvres des Vasks (duo violon-violoncelle, quatuor avec piano, orchestre à cordes) ont eu un beau succès, ainsi que Fratres d'Arvo Pärt. Le trio de Tchaïkovski a fait un triomphe, par l'énergie peu commune insufflée par les musiciens. Drôle et réussi, Le carnaval des animaux de Camille Saint-Saën, avec la mime Édith Baudoin à la place du récitant traditionnel, et les répliques théâtrales des musiciens.

Les conférences sur les aurores boréales et les comètes par le mathématicien Carlo de Franchis et l'astrophysicien Fabrice Mottez ont été suivies avec plaisir.

L'archetier Robert Pierce à Giverny. Photographie © musicologie.org.

Comme ce fut le cas voici deux ans avec neuf luthiers, ce sont cette année trois archetiers, Daoudi Hassoun, Blaise Emmelin, Robert Pierce, qui ont installé leur atelier à Giverny, pour produire trois archets (violon, alto et violoncelle), joués à peine finis. Ils seront vendus au profit du festival.

Pour tenir compagnie à ses deux Stenway de concert et son Yamaha de répétition, le facteur Paul-Émile Berlioz avait amené avec lui son magnifique piano Stephen Paulello.

Jean-Marc Warszawski
1er septembre 2016

Les concerts, programmes, photographies, extraits sonores

18 août ; 19 août ; 20 août après-midi ; 20 août au soir ; 21 août ; 24 août ; 25 août ; 26 août ; 27 août après-midi ; 27 août au soir ; 28 août ; article.

(Le démocrate Vernonnais) Musique de chambre : quel avenir pour le festival ?

Musique de chambre à Giverny.

Le piano Stephen Paulello et ses reflets. Photographie © musicologie.org.

 

musicologie.org
56 rue de la Fédération
F - 93100 Montreuil
06 06 61 73 41

ISSN  2269-9910

▉ Contacts

▉ À propos

S'abonner au bulletin▉ S'abonner au bulletin

▉ Collaborations éditoriales

▉ Cours de musique

▉ Téléchargements

▉ Soutenir musicologie.org

▉ Colloques & conférences

© musicologie.org 2016

bouquetin

Vendredi 2 Septembre, 2016 14:46